sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
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EPILOGUE 145<br />
Trieste et traversa le territoire vénitien. 241 A Constance, Manuel Chrysoloras devait<br />
discuter les modalités du débat entre l’Eglise latine et l’Eglise grecque en vue de leur<br />
réunification, mais il mourut en route vers le concile. Nous voyons ainsi que les<br />
concepts tels la seconde Nativité, la visite de rois étrangers, ou le désir d’unification,<br />
se reflétaient déjà dans le tableau de Gentile. Ces mêmes concepts influencèrent, à<br />
leur tour, la composition des fresques de Gozzoli au palais des Médicis.<br />
G.6 - Nicopolis et le réseau financier italien<br />
Lorsque Jean Sans Peur fut fait prisonnier, il fallait trouver d’abord des intermédiaires<br />
valables pour négocier les termes de la rançon dem<strong>and</strong>ée et ensuite, des partenaires<br />
financiers capables de fournir l’argent et le délivrer au sultan. Le banquier italien<br />
Dino Rapondi (c. 1335-1415), qui représentait les intérêts de sa famille à Bruges, fut<br />
l’homme vers lequel se pencha le duc de Bourgogne à ce sujet. Celui-ci lui servit de<br />
conseiller et d’intermédiaire. En réaction à la panique qui envahit la cour de<br />
Bourgogne après la captivité du jeune prince, Rapondi assurait qu’« il n’est chose qui<br />
ne s’apaise et se règle par or et argent ». 242 C’est encore lui qui développa la stratégie<br />
pour la libération de Jean Sans Peur et organisa le refinancement de la dette<br />
bourguignonne lorsque le prince était encore à Venise, en attente du remboursement<br />
de ses créanciers vénitiens. Les vastes sommes destinées à la rançon, ainsi que le<br />
refinancement de ses dettes, avaient requis la participation de plusieurs banquiers<br />
italiens. Il n'est pas sûr que Palla Strozzi ait participé monétairement à cette<br />
entreprise, 243 mais en tant que banquier, il devait certainement être au courant de la<br />
mobilisation des autres banquiers italiens pour cette tâche. Ainsi, son désir de doter<br />
cette peinture de plusieurs niveaux de lecture, provenait de deux sources différentes :<br />
son amour pour la culture grecque, et l’intervention de l’industrie financière italienne<br />
pour mettre un terme à la débâcle de Nicopolis. En comm<strong>and</strong>ant ce tableau, il<br />
immortalisait sous une radieuse enveloppe de religiosité, une histoire que les<br />
banquiers italiens comprenaient et dont ils se souvenaient.<br />
Il n’est alors pas surprenant de voir qu’en réponse, son rival Cosimo dei Medici<br />
comm<strong>and</strong>ita sa Procession des rois Mages selon le même schéma de « double<br />
nativité » et par rapport à un événement qu’il avait lui même financé. La gr<strong>and</strong>iose<br />
procession de la Chapelle du Palais de Cosimo devait non seulement surpasser<br />
visuellement le retable de son ancien rival, mais aussi démontrer la supériorité<br />
intellectuelle de son entourage : les nombreux philosophes grecs dans la foulée des<br />
241 Takács 2006, p. 54.<br />
242 Schnerb 2001, p. 91.<br />
243 Je suis d’avis que Strozzi fut financièrement impliqué, mais un spécialiste en la matière, Bart<br />
Lambert, à qui je dois des remerciements, m’apprit qu’à l’heure actuelle il n’existe aucun document pour<br />
le prouver (communication personnelle).