sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
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Tableau C : La Vierge des Médicis<br />
La Vierge des Médicis de Van der Weyden avait été achetée en 1833 à l’écrivain et<br />
collectionneur Giovanni Rosini à Pise pour le musée Städel. Depuis, on a toujours<br />
supposé qu’elle avait été comm<strong>and</strong>ée par un membre de la famille des Médicis à<br />
Florence. 124 Il y a bien sûr plus d’une raison pour cette supposition : sa provenance<br />
italienne, le fait que Van der Weyden était allé à Rome en 1450, sa composition<br />
symétrique qui, prétendument, était inspirée du model sacra conversazione italien<br />
(dans lequel la Vierge est encadrée symétriquement par des saints), le lys florentin du<br />
blason qui se trouve en bas de la peinture, et cette ressemblance apparente entre les<br />
figures saintes représentées dans ce tableau et les membres de la famille des Médicis.<br />
On a suggéré que sur la gauche, se tenaient St Pierre et St Jean-Baptiste en référence<br />
aux deux fils de Cosimo (Piero et Giovanni) ; et sur la droite, il y avait les deux frères<br />
jumeaux syriens, St Côme et St Damien, qui sont les patrons protecteurs des<br />
médecins, et qui évoquent le nom des Médicis, car en italien, « médecins » est<br />
prononcé medici. 125<br />
Mais le problème est qu’aucun des inventaires des Médicis ne mentionne ce<br />
tableau. 126 Et récemment, Margaret Koster a rejeté la suggestion que le prototype de la<br />
sacra conversazione était florentin, pour la bonne raison que la célèbre peinture de<br />
Van Eyck à Bruges, la Vierge et le chanoine Van der Paele, présentait déjà cette<br />
configuration en 1436. 127 En outre, on n’a pu expliquer pourquoi les figurants sur la<br />
gauche sont vêtus à l’ancienne t<strong>and</strong>is que ceux de droite ont des vêtements<br />
contemporains. Si les jumeaux syriens devaient seulement évoquer le nom des<br />
Médicis, pourquoi ne portent-ils pas des vêtements romains ou orientaux, en harmonie<br />
avec les autres ? 128 En tant que martyrs, tous deux devaient avoir des capes rouges,<br />
124 e<br />
Nutall 2004, p. 85-88, et n. 80 p. 275. Une source du XIX mentionne que ce tableau provenait de la<br />
famille des Gucciardini, idem.<br />
125<br />
Nutall 2004, p. 85; Van der Kemperdick 1999, p. 116. On devrait ajouter que les deux frères jumeaux<br />
syriens, St Côme et St Damien, étaient associés aux Médicis parce que Cosimo avait un frère jumeau<br />
Damien qui mourut tres tôt. Ce qui explique aussi le choix de ce nom bizarre pour Cosimo.<br />
126<br />
Nutall 2004, p. 88, n. 80 p. 275.<br />
127<br />
Koster 2002, p. 80.<br />
128<br />
Les saints jumeaux, Côme et Damien, qui figurent dans deux retables de Fra Angelico, sont habillés à<br />
l’orientale ; voir Pope-Hennessy 2002, p. 48-51.