La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

MARIE DANS LA DEMEURE DE JEAN l4o
chaste sein. Depuis lors, le fils avait moins appartenu
à sa mère. Et que de fois le triste séjour de la
terre, la compagnie de ses disciples grossiers, le
commerce des hommes pécheurs ne lui avaient-ils
pas fait regretter les saintetés et les douceurs de la
résidence virginale? Ni le ciel de la Judée, ni
l'ombre de ses palmiers, ni les eaux du puits de
Jacob, ni le temple de Jérusalem n'avaient pu le
dédommager de l'abandon de son tabernacle formé
parle Saint-Esprit lui-même. Aussi les saints Docteurs
se plaisent-ils à donner comme l'un des motifs
de l'institution de la divine Eucharistie l'ardeur
de Jésus à renouer, sous une autre forme, l'union
native avec celle qui était à la fois sa mère et son
unique colombe. Ils se plaisent également à penser
que les espèces sacramentelles demeuraient dans
son cœur sans se corrompre, d'une communion à
l'autre : en sorte que Marie était, dans la demeure
de Jean, le tabernacle vivant et perpétuel de son
Fils, comme elle lavait été avant sa naissance. Eh
bien, l'heure matinale est venue de renouveler les
espèces sacramentelles, Jésus, avec des élans de
retour figurés au Cantique par les bonds du faon
de biche, dit à sa Mère : Levez-vous, hâtez-vous, ô
vous que faime, mon unique beauté, et venez
Voici que ma vigne est en fleur, et elle répand
son odeur 1
Pour vous, ma mère, je veux redevenir
petit enfant, jouer encore sur vos genoux,
1
Cantiq., H, i3.