La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

REÇOIT D'ELLE SA BEAUTE 381
dire : que là où il n'y avait rien, stérilité comme au
désert, le Christianisme saurait faire épanouir quelque
carmel ou jardin mystique, orné de plantes
rares ; et que dans la dépendance de chaque carmel,
serait voisin un bois sauvage, solitaire, pour y
mieux penser à l'éternité.
Isaïe achève ainsi sa peinture :
L'équité habitera au désert, et la justice se reposera
au Carmel. La paix sera Vouvrage de la justice,
le silence la cultivera, et l'on y jouira à jamais
d'une heureuse tranquillité 1
. — Délicieux tableau
de la vie de justice, de paix, de silence qui devait
alimenter chaque carmel.
En toute cette description, c'est le dehors des
bénis monastères qui reluit, le site uniquement;
Le monde n'aperçoit que ce dehors, que le site.
Le reste lui est fermé. Le Christianisme, en effet,
a su rendre plus profonde la solitude de la mystérieuse
montagne du Carmel, la faire plus sacrée.
Il a traduit en institution la parole d'un Dieu jaloux
à l'épouse du Cantique : Vous qui êtes ma colombe,
vous qui vous retirez dans les creux de la pierre,
dans les enfoncements de la muraille, montrez-moi
votre visage' 1
..., A moi, à moi seul, montrez-le. Un
voile s'est alors abaissé entre la carmélite et le
monde : la vue de son visage n'appartient plus qu'à
Dieu son époux. O grotte du Carmel où Elie se
1
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ISAÏE, XXXU, 16. 17.
Cantiq,, 11, 14.