La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

MARIE DANS LA DEMEURE DE JEAN l5l
de son Fils, sa chair sacrée, son sang précieux, le
corps qu'elle a formé, porté, nourri, béni mille fois,
qui est l'os de ses os et la chair de sa chair, cette
âme qui s'est révélée en trésors inépuisables de
tendresse filiale. Les voiles eucharistiques tombent
devant les ardeurs de son amour, et elle environne
comme autrefois son Emmanuel. Ensemble, ils
goûtent ce Yrai bonheur qui consiste dans le flux et
le reflux du donner et du recevoir; entre eux c'est
une émission et une réflexion d'inénarrables douceurs.
Mais, silence, voix mortelles, laissons Jésus
et Marie, dans les ineffables embrassements delà
communion, soupirer le doux colloque de l'amour,
laissons la Mère embrassant le Fils, le Fils possédant
la Mère, chanter le cantique : Mon Bien-Aimé
est à moi, et je suis à lui, lui qui se nourrit entre
tes lis 1
, jusqu'à ce que se lève le souffle de l'aurore,
et que s'évanouissent les ombres de cette vie
d'épreuves.
O demeure de Jean, voilà les instants de béatitude
que tu ménages chaque matin à la Mère de
Dieu, avant que sa sollicitude s'applique à l'Eglise
naissante. Tu es, sur le mont Sion, la solitude
embaumée qui favorise ses communions et dont elle
dit à Jésus : Fuyons, mon Bien-Aimé, sur la montagne
des aromates' 2
.
1
Cantiq., n, 16-17.
* Ibid.j vin, i4-