La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

DE LÀ RELIGION PARFAITE 79
prescriptions, ses cérémonies, et nonobstant ses
duretés, avait été utile au peuple d'Israël, durant
quinze siècles; il la considérait comme sa sauvegarde,
son honneur, son orgueil, l'ayant reçue de
Jéhova; mais l'heure était venue de s'en séparer.
Est-il surprenant que devant cette nécessité, les
disciples de Jésus, vrais fils d'Abraham, éprouvassent
des tristesses, des hésitations? La Synagogue,
au sentiment de plusieurs théologiens, ressemble
alors à une mère aimée qui vient de succomber, mais
non encore ensevelie, et dont les funérailles sont
retardées*. Selon d'autres, sa mort n'est pas absolument
consommée* 2
; et elle ressemble à une personne
qui, voisine de sa fin, ne s'est pas encore résignée à
mourir, ni même à vieillir. Hélas! il faut bien le
reconnaître, la nature s'y résigne difficilement. On
s'attriste à l'apparition des rides, on s'efforce avec
un art mélancolique d'en combattre l'étendue, et
l'on souffre en sentant s'affaiblir une à une les forces
vitales. Le sentiment de cette souffrance est respectable.
Nous n'étions pas fait pour nous rider,
nous courber et disparaître; et l'Eglise, dans la
1
C'est l'opinion de S. Augustin et de S. Thomas d'Aquin,
qui disent que la Loi ancienne fut finie dès que le Christ
eut expiré en prononçant ; Consummatum est, tout est
consommé. (S. THOMAS, Ile part., quest. eux, art. III.)
* C'est le sentiment de S. Bonaventure, de Scot, de Solo,
de Maldonat, de Suarez qui disent que la Loi ancienne
quoique frappée à mort dans le dernier soupir du Christ
n'a cessé d'être obligatoire qu'après la Pentecôte et la
promulgation de l'Évangile.