La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

l84 ASSOMPTION ET COURONNEMENT
devons aussi l'être que son corps virginal n'a pas
été offensé par le trépas. Pourquoi croirions-nous
que Dieu lui aurait accordé le premier privilège,
qui est le plus grand, sans lui accorder aussi l'autre
qui est beaucoup moindre et qui n'en est qu'une
conséquence ? Pourquoi garder seulement son entrée
au monde et ne pas garder sa sortie? Ah ! c'est
pour elle que ce cri de bénédiction s'était élancé,
comme un jet de lumière, du milieu des chants du
Prophète royal : Que le Seigneur garde ton entrée
au monde et ta sortie du monde, ô Vierge, honneur
de la tige de Jessé 1
! »
Et cet autre accent :
« O Marie, vous qui n'aviez pas eu conscience de
la terre, vous ne pouviez pas être tenue prisonnière
dans son sein s
. »
Telle est la connexion qui s'établissait, au moment
de la mort de Marie, entre son privilège
d'avoir été immaculée dans sa conception et celui
d'échapper à la corruption de la tombe.
Il s'en établissait une autre, non moins étroite,
plus étroite peut-être, entre l'Incarnation et cette
même préservation : Est-ce que le Fils de Dieu n'ira
pas chercher sa Mère dans le mausolée ?
De tout ce qu'il t'a dû cet aimable Fils garde la
mémoire, ô Mère ! Il est venu en ta chair, charmé
1
D'ARGENTAN, Les Grandeurs de la sainte Vierge Marie.
2
Ut quss terrx non erasconscia, non teneret rupes inclusam
(Préface franque et gothe). MUHATORI, Missalegothicum.