La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

368 LE CARMEL, APANAGE DE MARIE
baigne son pied qui s'allonge en gracieux promontoire
dans des flots d'azur; il s'en échappe, arrivant
delà montagne, des ruisseaux limpides, des sources
abondantes, où se reflète l'ombre de l'olivier et de
l'oranger. C'est donc un mont à part entre tous les
autres monts de la Palestine, incultes ou décolorés.
Il était digne d'être appelé en témoignage pour
exprimer, par sa beauté, un idéal. Voilà donc le
miroir ; quelle figure la prophétie y va-t-elle dessiner?
Un chant royal d'Isaïe annonçait : La beauté du
Carmel lui a été donnée 1
. Quelle est cette propriétaire
qui vient entrer en jouissance de la beauté du
Carmel? Un autre chant royal, celui du Cantique,
la désigne ; car il dit de la Bien-Aimée par excellence
: Votre tête est comme le Carmel 2
. Les interprètes
sacrés font à la Vierge Marie en premier,
l'application de cette parole d'admiration. La justification
en est facile :
Puisque la véritable beauté d'ici-bas présente une
combinaison de majesté, de grâce et de mélancolie,
l'Esprit prophétique pouvait-il exprimer l'idéal de
Marie d une façon plus saisissante qu'en identifiant
sa tête, son visage, avec la beauté du Carmel?
Comme Vierge, Marie sera la grâce ; comme mère
de Dieu, elle sera la majesté; comme mère de
douleurs, elle sera la mélancolie : ô Carmel, tu
1
%
ISAÏE, XXXV, I.
Cantiq,, vu, 5.