La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

220 REINE DES CŒURS
ou telle souveraine a été reine d'une portion de territoire,
la Souveraine de l'Eglise a rassemblé sous
son sceptre tous les territoires avec la plupart des
cœurs. Sa spécialité c'est l'universalité, et l'universalité
en amour.
Il y a là un fait historique qui, médité doucement
dans un cœur, inclinerait et prédisposerait ce cœur
à se ranger sous le sceptre de Marie, s'il n'avait pas
encore le bonheur d'être le sujet de cette aimable
souveraine. Parlons de l'idée d'affection, puisque
les souverains sont jaloux de l'affection de leurs
sujets.
L'affection, qui de tous les dons au pouvoir de
l'homme est le plus ambitionné et le plus sacré —
plus ambitionné que l'admiration et aussi sacré que
la parole donnée —, l'affection se donne à trois
choses : à la beauté, à la bonté, à la puissance. On
aime, parce qu'on a rencontré la beauté; on affectionne,
parce qu'on a trouvé la bonté ; on s'attache,
parce qu'on espère protection, de celui qui a la
puissance.
Eh bien, Marie est aimée, affectionnée, entourée
comme ne l'a été et ne le sera aucune souveraine,
parce qu'elle est incomparablement belle, souverainement
bonne et que son pouvoir est sans bornes.
Ce n'est pas tout : elle est encore Reine des cœurs
parce que, en vertu d'un divin privilège attaché à
son pouvoir, à sa puissance, elle fait de sa beauté
et de sa bonté un usage communicatif ; chez elle la
beauté et la bonté sont communicatives, elle les