La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

354 LE CORTÈGE DES VIERGES
filles s en transmettaient le cours. La tradition, aux
écoutes dans la montagne, a recueilli ces accents :
« Ecoutez, montagnes, mes lamentations; collines,
regardez mes larmes; et vous, rochers, soyez
témoins du deuil de mon àme : mon père m'a vouée,
et ma couche est restée sans honneur et les guirlandes
des noces n'orneront pas ma tète. O arbres,
inclinez vos rameaux et planez sur ma jeunesse.
Accourez, vous aussi, bêtes des forêts, et piétinez
sur ma virginité, car mes années ne comptent plus,
et le temps de ma vie est enseveli dans les ténèbres....
1
»
C'est ainsi que pendant toute la durée de la Loi
ancienne, la virginité fut regardée comme un sort
digne de larmes.
Dirigeons-nous maintenant vers un cloître chrétien,
montons k ces sommets mystiques que le
christianisme consacre k la perfection. Lk, de
nouveau, des vierges nous apparaissent. Mais quel
contraste avec la troupe errante que conduisait la
fille de Jephté! Dans les rangs de cette phalange,
ce n'est plus rabattement, c'est l'allégresse; plus
de sanglots, mais l'enthousiasme de rester vierge.
Quelle paix sur ces visages! quelle dignité et quelle
légèreté dans la démarche! on dirait des anges, des
corps angélisés. Qui conduit ce nouveau chœur des
vierges?
La bienheureuse Vierge Marie !
1
PHILON. cilé par Corneille I.npiern», t. III, p. 187.