La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

OS LA RELIGION PARFAITE 70
dans l'Eglise naissante. La communauté des biens
qui y régnait entre les chrétiens, comme conséquence
de la parfaite union des cœurs, résultait
elle-même du parfait amour de Dieu. Mais qui donc
avait apporté l'élan de ce nouveau genre de vie
plus large que le particularisme hébreu, entendu
dans le bon sens? La Loi, sauvegardant les héritages,
ordonnait de rendre les terres aliénées,
tous les sept ans ; et, maintenant, le mouvement
de la grâce les fait vendre pour toujours. La Loi
venait au secours du pauvre par le recouvrement
de son champ ; et maintenant, les riches vendent
leurs champs, se confondent avec les humbles et
les petits, et sacrifient la jouissance d'un bien-être
solitaire à la jouissance plus haute d'un bien-être
moindre mais partagé par d'autres. Qui donc
opère ce passage du moins parfait au plus parfait?
Qui élargit le don de soi? Qui fait éclater le
vase devenu trop étroit du particularisme hébreu?
Qui, en un mot, excite les bouillonnements, les
transports de cette charité fraternelle inusitée?
Toujours la même cause : le Saint-Esprit qui est
descendu! Ces transports, ces bouillonnements, les
Sanhédrites eux-mêmes les avaient reconnus, mais
avec raillerie et sarcasme, lorsqu'ils avaient dit
des apôtres enivrés d'extase et parlant toutes les
langues sur le seuil du Cénacle : Ces gens-là sont
ivres de vin nouveau l
.
* Actes, H, i3.