La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

43a LA DISPENSATRICE
Heures, nous font accomplir l'œuvre de notre salut,
et nous façonnent, nous préparent au royaume des
cieux en perfectionnant notre nature. Elles l'élèvent
ou la surnaturalisent et lui font porter des fruits
dignes de la vie éternelle, que, toute seule, elle
serait incapable de produire. Ces grâces sont, à
notre nature, ce que la greffe est à l'arbrisseau, à la
plante sauvage. Quelle charmante opération que la
greffe, et comme elle fait bien comprendre la grâce.
C'est une opération qui consiste à enter sur une
plante sauvage, ou du moins inférieure, le bourgeon
d'une plante plus exquise ; et alors la première,
fertilisée par ces heureux liens, forme des fleurs et
des fruits qui sont bien à elle puisqu'elle les produit,
mais qui lui viennent d'un secours supérieur
puisque, sans la greffe, elle ne pourrait les produire.
Quel mystère! et cependant phénomène journalier
dans nos campagnes et nos jardins. Ne vous aiderat-il
pas, ô penseurs trop enclins au rationalisme, à
admettre le concours de la grâce ? Eh quoi ! lésâmes
seraient-elles moins favorisées que les plantes?
Tout est admirablement gradué et harmonisé dans
le plan divin. Une âme qui reçoit une grâce divine,
c'est une âme qui reçoit une greffe du ciel. Avec
ce secours, elle produit des vertus, elle a des énergies,
des héroïsmes, dont sa nature, toute seule,
serait absolument incapable. L'étonnement de ceux
qui l'entourent atteste souvent ce secours supérieur ;
et elle-même se sent meilleure, c'est-à-dire perfectionnée
par cette mixture divine, surnaturalisée.