La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

PRÈS DU CÉNACLE l6l
Mais l'Ame de Marie n'ayant subi l'atteinte ni du
péché originel, ni du péché actuel, ne fut nullement
sujette à cette fatale détérioration. Qu'en résultaitil,
sinon que cette âme unique, couverte du
splendide vêtement de l'innocence, conservait pour
l'union béatifique une aptitude inouïe; les rayons
sortis du foyer de l'amour divin la pénétraient
sans obstacle, et elle sentait en plein l'action
toute-puissante de l'aimant qui l'attirait. Dès lors,
oubliant tout et s'oubliant elle-même, elle eût
voulu s'élancer vers son Dieu, et se perdre en lui,
afin de goûter les charmes entrevus de la Divinité,
de contempler ses grandeurs infinies et de
jouir de ses amabilités souveraines. Mais hélas!
elle se voyait retenue à la terre par des obligations
de tendresse et de sollicitude envers les hommes
qu'elle se garderait bien d'abréger. Quel tourment!
Il est impossible de s'en faire la moindre idée, car
le désir croît en proportion de l'amour, qui croît
sans cesse. Sainte Thérèse parle de flèches de feu,
qui atteignent jusqu'au plus intime de lame, qui
réduisent tout en poudre, et qui font subir à cette
âme une peine intérieure, qui dépasse tout ce que
l'homme peut produire, et qui est un miracle du
Très-Haut 1
. Ames saintes qui, semblables à la
biche blessée par le chasseur, avez été atteintes des
foire, a d'admirables pages sur cet instinct béatifique dont
Dieu a doué l'âme.
1
Le CMteau intérieur, sixième demeure, chap. xi.