La Mère des chrétiens et la Reine de l'Église - Livres mystiques

LA PARURE DE POURPRE
magique sous cet adieu de la lumière, les ruines
prennent une teinte rose, elles oublient un instant
leurs aspects austères; il y a comme un combatentre
la mélancolie et la sérénité, et la sérénité devient
plus belle au contact de la mélancolie. Ce moment
dans la campagne romaine est sublime, on n'en
perd jamais le souvenir.
Revenons à nos chères saintes. L'eifet que produisent
les ruines dans la beauté du paysage, la
souffrance et le martyre le transportent dansla beauté
de la physionomie humaine. La souffrance et le
martyre ont répandu sur sainte Cécile et sur sainte
Agnès un éclat de mélancolie mêlé de bonheur,
qui rehausse tout le reste. On n'oublie pas la
soirée dans la campagne romaine ; on oublie moins
encore la manière dont sainte Cécile repose dans
son tombeau.
La jeune sainte sommeille dans l'attitude où Ta
mise son martyre. Elle n'est pas étendue sur le dos
comme un cadavre dans son sépulcre, mais sur le
coté. Au moment suprême où, après avoir tant
souffert pour Jésus-Christ, son âme allait s'envoler
au ciel, comme si elle eût voulu garder le secret
du dernier soupir qu'elle envoyait au divin objet
de son unique amour, et cacher aux hommes sa
dernière beauté, elle tourna contre terre sa tête
sillonnée par le glaive : son visage est resté dans
cette attitude de l'humilité. Ses mains sont doucement
affaissées : à la main droite trois doigts sont
étendus, et les autres fermés; à la main gauche,