Sans vigilance - Global Witness
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moment à rien si ce n’est à émettre une déclaration d’intention. Ce faisant, le groupe de<br />
Wolfsberg est susceptible d’entraver les changements substantiels pouvant être apportés au<br />
cadre réglementaire car il permet à quelques-unes des plus grandes banques de déclarer<br />
ouvertement : « ne vous en faites pas, nous nous en occupons ».<br />
Vient ensuite le Pacte mondial, dont est membre la Deutsche Bank, comme elle l’a sans arrêt<br />
rappelé dans ses réponses aux interrogations de <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> portant, d’une part, sur les<br />
comptes de la Banque centrale du Turkménistan et, d’autre part, sur sa participation aux prêts<br />
gagés sur le pétrole consentis à la Sonangol, en Angola. Le Pacte mondial se décrit comme la<br />
plus importante initiative de citoyenneté d’entreprise au monde, comptant parmi ses membres<br />
4 700 entreprises réparties dans 130 pays, qui ont toutes adhéré à ses 10 principes dans les<br />
domaines des droits de l’homme, des normes de travail et de l’environnement, et de la lutte<br />
contre la corruption. Bien qu’il soit disposé à rayer de sa liste les membres qui ne soumettent<br />
pas d’informations régulièrement remises à jour sur l’état d’avancement de leurs travaux, et<br />
bien que ses « Mesures de l’intégrité » permettent d’instaurer un dialogue entre les plaignants<br />
et les entreprises, le Pacte stipule de manière explicite qu’il n’assume aucune fonction de<br />
suivi ou de surveillance.<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé à maintes reprises à la Deutsche Bank d’expliquer ce en quoi ses<br />
engagements envers les droits de l’homme, au titre du Pacte mondial, étaient compatibles<br />
avec la conclusion d’affaires avec le régime du défunt Président Niazov au Turkménistan. La<br />
banque a sans cesse refusé de répondre à cette question. Or elle continue de citer son statut de<br />
membre du Pacte mondial chaque fois que <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> l’interroge sur ses politiques.<br />
Le problème est que les initiatives volontaires dépendent en grande partie de la capacité des<br />
entreprises ou des banques à montrer au public ce qu’elles ont accompli, très peu de ces<br />
initiatives étant dotées de mécanismes de suivi à proprement parler. Nombre des autres<br />
initiatives volontaires d’entreprise sont consacrées aux impacts sociaux et environnementaux,<br />
dont il est plus facile de déterminer si les entreprises ou les banques se conforment aux<br />
normes en vigueur ou non. Avec les Principes d’Équateur, par exemple, l’impact<br />
environnemental et social des nouvelles infrastructures développées grâce aux financements<br />
de projets est évident pour quiconque se donne la peine de se rendre dans la zone affectée<br />
muni d’un appareil photo et d’un carnet de notes.<br />
Mais s’agissant de banques qui proposent des services à des clients – individus, institutions ou<br />
États – susceptibles d’être corrompus, le public a bien plus de mal à savoir ce qui se passe.<br />
Cette information est en fait rigoureusement protégée par les politiques de confidentialité des<br />
clients et, dans certaines juridictions, par le secret bancaire.<br />
Pour chacun de ces récits, <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a écrit à la banque en question afin de l’interroger<br />
sur sa relation avec le client, les mesures de diligence raisonnable prises et les déclarations<br />
d’opérations suspectes qu’elle aurait éventuellement déposées. Toutes les banques ont<br />
invoqué leur politique de confidentialité des clients pour refuser de répondre, et plusieurs ont<br />
également souligné que la loi leur interdisait de fournir des informations sur les relations<br />
qu’elles entretiennent avec leurs clients (même si <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> persiste à croire que les lois<br />
du secret bancaire n’auraient pas dû empêcher certaines d’entre elles de fournir davantage de<br />
renseignements sur leurs politiques plus générales). En outre, le régime applicable aux<br />
déclarations d’opérations suspectes empêche de manière explicite les banques ou les<br />
régulateurs de divulguer qu’une DOS a été déposée – clause de « dénonciation » (« tipping<br />
off »).<br />
Par conséquent, comment peut-on savoir, lorsqu’il s’agit de questions d’intérêt public aussi<br />
importantes pour les pays concernés, si les banques font ce qu’elles sont censées faire ? La<br />
réponse du secteur bancaire est que ses régulateurs sont là pour y veiller. Partant, pour chaque<br />
récit, <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a également adressé un courrier au régulateur pertinent. Bien entendu,<br />
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