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Sans vigilance - Global Witness

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En septembre 2000, le régulateur de Citibank, l’OCC, a publié le manuel Bank Secrecy Act /<br />

Anti-Money Laundering Handbook pour aider les banques à remplir leurs obligations en<br />

matière de lutte contre le blanchiment de l’argent au titre du Bank Secrecy Act de 1970 et du<br />

Money Laundering Control Act de 1986. Reconnaissant le risque élevé que présentent les<br />

relations de correspondant bancaire, surtout en cas de virements, le manuel précisait : « Des<br />

informations devraient être rassemblées pour que la nature des activités du correspondant soit<br />

entièrement comprise. Parmi les facteurs à prendre en considération figurent l’objet du<br />

compte, si le correspondant bancaire se trouve dans un paradis fiscal où prévaut le secret<br />

bancaire ou permettant le blanchiment de capitaux… le niveau d’efforts fourni par le<br />

correspondant bancaire en matière de prévention et de détection du blanchiment des capitaux,<br />

et la qualité de la réglementation et de la surveillance bancaires dans le pays du<br />

correspondant ». 228<br />

Même si Citibank ne pouvait avoir connaissance des bénéficiaires des virements individuels<br />

effectués via le compte d’Ecobank à New York, de simples recherches sur le type de clients<br />

avec lesquels travaillait une banque libérienne comme Ecobank auraient révélé l’importance<br />

du bois dans l’économie libérienne. Au moment de ces paiements, les informations suivantes<br />

étaient déjà dans le domaine public, rapprochant le bois libérien de la guerre en Sierra Leone<br />

et au Libéria :<br />

• En septembre 2001, <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a publié le rapport Sur mesure pour Taylor : Le rôle<br />

crucial des forêts du Libéria et des revenus tirés de l’immatriculation des bateaux sur le<br />

conflit régional, qui indiquait que le secteur du bois libérien, avec, à sa tête, l’OTC,<br />

servait à financer le soutien accordé par Taylor aux rebelles en Sierra Leone, et qui<br />

appelait à l’imposition de sanctions sur le bois libérien. 229<br />

• En octobre 2001, un rapport du Panel d’experts de l’ONU indiquait que la production de<br />

bois libérien était une source de revenus servant à violer les sanctions, et qu’une livraison<br />

d’armes avait été réglée à une société de trafic d’armes par la société mère singapourienne<br />

de l’OTC, Borneo Jaya Pte. 230<br />

• En mars 2002, <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a publié le rapport The Logs of War: The Timber Trade<br />

and Armed Conflict, qui décrivait combien les sociétés forestières, et spécifiquement<br />

l’OTC, contribuaient à soutenir la violence en Sierra Leone et au Libéria. Le rapport<br />

précisait que « l’industrie ne peut prétendre ignorer que le bois vient d’un pays en proie à<br />

un conflit armé. Nous affirmons que dans des situations de conflit armé, ces sociétés ne<br />

devraient pas avoir le droit de poursuivre leurs affaires comme si de rien n’était ». 231<br />

<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé à Ecobank quelles mesures de diligence raisonnable elle avait<br />

prises à l’égard de son client, à savoir l’OTC, et si elle pouvait confirmer sa relation de<br />

correspondant bancaire avec Citibank. Ecobank a répondu : « Nos archives n’indiquent<br />

aucune activité sur ce compte sur la période en question ». Elle poursuit toutefois : « La<br />

période à laquelle se réfère votre enquête était une époque extrêmement difficile au Libéria et,<br />

inévitablement, Ecobank n’a pas été complètement épargnée par la crise. Nos bureaux ont été<br />

pillés plusieurs fois, et plusieurs de nos fichiers et systèmes informatiques ont été dérobés ou<br />

détruits. De graves problèmes de récupération des données s’en sont suivis, qui ont rendu<br />

quasiment impossible tout recoupement entre transactions… Ecobank dispose de procédures<br />

en matière de connaissance de ses clients qui sont conformes aux normes internationales, et<br />

traite proactivement les questions de lutte contre le blanchiment de l’argent ». 232<br />

Le fait que le système de registres d’Ecobank ait été si compromis pendant le conflit nous<br />

incite à nous demander comment Citibank a bien pu avoir tant confiance dans la capacité de<br />

son correspondant à surveiller ses clients.<br />

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