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Sans vigilance - Global Witness

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Parmi ces progrès figure le fait que le ministère des Finances publie désormais sur son site<br />

Internet certains chiffres relatifs aux exportations de pétrole. Mais ces progrès sont bien<br />

maigres lorsque l’on regarde la situation d’ensemble en termes de transparence, car ces<br />

chiffres manquent de contexte pour pouvoir se rendre pleinement compte du problème. La<br />

situation reste beaucoup trop confuse en ce qui concerne les relations entre la Sonangol et le<br />

ministère des Finances, comme le souligne chaque intervention de la Banque mondiale et du<br />

FMI.<br />

Le problème fondamental de l’Angola en matière de transparence des recettes pétrolières<br />

concerne les nombreuses casquettes de la Sonangol, la société nationale des hydrocarbures.<br />

Elle joue le rôle de perception fiscale sur les produits pétroliers et de concessionnaire public,<br />

prenant en charge la gestion des recettes pétrolières. Ces deux casquettes donnent lieu à un<br />

conflit d’intérêts qui a été souvent décrié. 329 En tant que perception fiscale, la Sonangol<br />

perçoit les recettes et engage des dépenses pour le compte de l’État. En 2007, la Banque<br />

mondiale a relevé que le gouvernement n’exerçait toujours pas de véritable contrôle sur ces<br />

opérations quasi-fiscales. 330 La même année, le FMI a indiqué, dans son rapport Article IV,<br />

que plusieurs des mesures nécessaires pour encadrer véritablement les activités de la<br />

Sonangol n’avaient toujours pas été prises et que les activités quasi-fiscales de la Sonangol<br />

n’étaient pas exécutées à travers le système central de gestion financière, SIGFE. 331 Les<br />

activités de la Sonangol sont inscrites au budget avec trois mois de retard. 332 Mais surtout, la<br />

Sonangol, qui a semble-t-il fait l’objet d’un audit, ne publie toujours pas de comptes vérifiés<br />

et reste exemptée de tout contrôle public. 333<br />

En réalité, le système des finances publiques de l’Angola reste encore aujourd’hui à doublevoie<br />

: une voie officielle par le biais du budget géré par le ministère des Finances, et une voie<br />

« non conventionnelle » via la Sonangol qui n’est soumise à aucun contrôle public. 334 En<br />

2007, la Banque mondiale a noté que la Sonangol avait réduit « le montant des paiements<br />

pétroliers dus au gouvernement au titre des impôts et des recettes qu’elle avait perçues par le<br />

montant des dépenses engagées pour le compte du gouvernement. Les conflits résultent du<br />

manque de transparence sur les activités qui peuvent bénéficier du régime de compensation et<br />

de l’absence d’audit sur les dépenses relevant de catégories soumises à compensation ». 335<br />

Ricardo Soares de Oliveira, de l’université d’Oxford, a récemment décrit la Sonangol comme<br />

étant « la pièce centrale de la gestion de ‘l’État déstructuré mais prospère’ de l’Angola,<br />

soulignant à quel point un État déstructuré et réduit à sa plus simple expression peut continuer<br />

à survivre et, qui plus est, à prospérer, au milieu d’un dénuement généralisé ». Au lieu de<br />

servir au développement du pays, la réussite de la Sonangol a été « principalement mise au<br />

service de la Présidence et de ses ambitions rentières ». 336<br />

Tout cela veut donc dire que prêter de l’argent à la Sonangol revient à injecter des fonds dans<br />

un système financier dont les nombreuses zones d’ombre n’ont jamais été expliquées et qui ne<br />

trace toujours pas une ligne de démarcation claire entre la Sonangol et le budget de l’État.<br />

Pourtant, d’autres prêts gagés sur le pétrole ont été accordés, et notamment les prêts suivants<br />

rapportés dans la presse spécialisée. Il convient de souligner que les informations suivantes se<br />

rapportant à chaque prêt sont loin d’être exhaustives et que d’autres prêts que ceux figurant<br />

ci-dessous ont pu être consentis. En effet, les banques sélectionnent les informations qu’elles<br />

rendent publiques.<br />

• Juin 2003 : prêt de 1,15 milliard de dollars consenti par BNP Paribas, Belgolaise,<br />

Natexis, SG CIB. Autres banques concernées : Commerzbank, Crédit Lyonnais,<br />

KBC, Standard Chartered, RBS et West LB. Le prêt a été remboursé par une société<br />

ad hoc dénommée Nova Vida. Le taux d’intérêt était de 2,25 % au-dessus du taux<br />

LIBOR pendant quatre ans puis de 2,5 % par la suite. 337<br />

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