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Sans vigilance - Global Witness

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de poursuivre ces opérations. Encore faut-il que cette personne ait le pouvoir de dire non, et<br />

soit écoutée.<br />

Il existe deux niveaux auxquels les banques peuvent prendre la décision de se tenir à l’écart<br />

de la corruption, soit en choisissant de ne pas avoir affaire avec des pays corrompus ou<br />

coupables de violations des droits de l’homme, soit en choisissant de ne pas avoir affaire à des<br />

personnes ou des entreprises pouvant être impliquées dans des faits de corruption. Les<br />

décisions concernant un pays touchent à l’éthique de la banque et relèvent ou, du moins dans<br />

certains cas, ne relèveraient semble-t-il pas du conseil d’administration. Ces décisions sont en<br />

outre fonction des régimes de sanctions qui sont imposés. Parallèlement, les décisions<br />

quotidiennes prises en première ligne concernant des particuliers sont soumises à<br />

l’appréciation du responsable chargé de la conformité au sein de la banque.<br />

Le responsable de la conformité ne prend pas position sur l’opportunité qu’il y a en général à<br />

faire affaire avec tel ou tel pays. Il se préoccupe avant tout des noms qui lui sont présentés. Il<br />

faut dire que son travail est suffisamment difficile comme cela, puisqu’il doit souvent<br />

affronter le chargé de clientèle qui, en termes de carrière personnelle, souhaite voir<br />

l’opération menée à bien. Mais si l’état-major de la banque ne donne pas l’impulsion pour que<br />

se développe une culture permettant d’éviter tout lien avec des régimes peu scrupuleux et peu<br />

avides de rendre compte de manière transparente des revenus qu’ils tirent des ressources<br />

naturelles de leur pays, la tâche du service de conformité de s’opposer à certaines transactions<br />

devient encore plus difficile.<br />

Cela nous amène au dernier angle sous lequel les cas évoqués dans le présent rapport seront<br />

étudiés. Au-delà de l’éthique des banques qui se juge à l’aune des régimes avec lesquels elles<br />

font affaire et des probabilités qu’elles ont d’avoir mené une enquête approfondie sur<br />

l’identité de leurs clients et l’origine des fonds, comme l’exigent les autorités de régulation, le<br />

rapport étudie également les mesures prises par les autorités de régulation elles-mêmes. À<br />

l’instar du cas de la Riggs, les autorités de régulation ne s’acquittent manifestement pas de<br />

leur mission. Dans de nombreuses autres affaires évoquées ici, comme le compte ouvert à<br />

Hong Kong au nom d’une société fictive de Denis Christel Sassou Nguesso (voir chapitre 5),<br />

l’autorité de régulation concernée n’a pas été autorisée à dire à <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> si des mesures<br />

avaient été prises ou non. Dans d’autres cas, comme celui de la Deutsche Bank et du<br />

Turkménistan, rien n’a été fait par l’autorité de régulation au motif que les règlements qu’elle<br />

était chargée d’appliquer ne couvraient pas encore la question qui, en l’occurrence, était celle<br />

de la captation par une personne des comptes publics d’un État.<br />

Nous allons maintenant nous rendre dans les pays producteurs de pétrole du golfe de Guinée<br />

et d’Asie centrale pour constater les effets destructeurs et dévastateurs des banques prêtes à<br />

faire des affaires avec des régimes corrompus. L’efficacité des normes éthiques des banques,<br />

le respect de leurs obligations en matière de diligence raisonnable et les mesures prises par les<br />

autorités de régulation seront examinés dans chaque cas, au vu des éléments d’information<br />

disponibles. Dans plusieurs des cas évoqués ici, il est permis d’émettre de sérieux doutes<br />

quant à la connaissance que les banques avaient de leurs clients, même si elles ont coché les<br />

cases pour s’acquitter de leurs obligations de diligence raisonnable, et quant à la question de<br />

savoir si le simple respect de la lettre de la loi qui requiert l’identification du client est<br />

suffisant pour empêcher les banques de poursuivre des activités qui contribuent à la<br />

corruption.<br />

Encadré n° 1 : Le secteur bancaire privé et certains de ses clients<br />

Le secteur bancaire privé fournit des services financiers à des individus et familles fortunés.<br />

Ses mots d’ordre sont la discrétion et le service personnalisé. Tout repose sur le principe de<br />

confidentialité : il s’agit là de clients qui ne veulent pas que leur richesse soit connue. Cela<br />

peut se comprendre, mais qu’advient-il si le client est en fait un politicien corrompu ? Les<br />

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