Sans vigilance - Global Witness
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<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a écrit à Citibank pour lui demander quelles mesures de diligence raisonnable<br />
elle avait prises à l’égard de son client Ecobank à Monrovia et de ses clients. Nous lui avons<br />
demandé si elle savait quelles méthodes ses correspondants bancaires libériens employaient<br />
pour évaluer leurs clients, particuliers ou entreprises, et comment elle pouvait être sûre que les<br />
banques libériennes savaient qui étaient leurs clients étant donné l’instabilité qui régnait dans<br />
le pays et l’absence d’un gouvernement efficace, laissant un vide quasi complet, sans même<br />
parler de l’inexistence de toute réglementation financière satisfaisante.<br />
Citibank a déclaré ne pas pouvoir répondre, ajoutant : « Citi prend au sérieux son obligation<br />
de lutte contre le blanchiment de l’argent et le financement du terrorisme… Citi a adopté une<br />
politique mondiale en matière de lutte contre le blanchiment de l’argent et le financement du<br />
terrorisme qui exige de toutes les activités Citi à travers le monde qu’elles élaborent et<br />
mettent en œuvre des programmes efficaces pour se conformer aux lois en vigueur ». 233<br />
Lorsque Citigroup, dont Citibank fait partie, a été contacté en juillet 2003 par Greenpeace, qui<br />
travaillait avec <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> sur l’impact environnemental des activités d’exploitation<br />
forestière de l’OTC, Citigroup a répondu : « Nous avons fait d’importantes recherches dans<br />
nos archives et n’avons pu identifier aucune relation quelle qu’elle soit avec l’Oriental Timber<br />
Company ou toute autre compagnie associée ». 234<br />
Il est inquiétant de constater que Citibank semble incapable de retrouver des informations<br />
ayant trait à ses relations de correspondant bancaire. <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé à Citibank si<br />
elle avait cherché dans les dossiers bancaires de ses correspondants, ainsi que dans les<br />
dossiers de ses relations bancaires directes, avant de répondre à Greenpeace en 2003, et<br />
quelles mesures elle avait prises concernant les comptes après avoir reçu le courrier. Citibank<br />
a déclaré ne pas pouvoir s’exprimer sur ce point. 235<br />
3. Fortis : destinataire de paiements directs liés au bois du conflit<br />
Les factures de l’OTC indiquent également qu’avant novembre 2001, la compagnie a ordonné<br />
aux acheteurs de son bois d’effectuer leurs paiements directement sur un compte tenu par<br />
Fortis à Singapour.<br />
De décembre 2000 à septembre 2001, l’OTC a demandé aux acheteurs de son bois basés en<br />
Europe, en Asie et en Amérique d’effectuer au moins 20 versements distincts, d’une valeur<br />
d’au moins 2,36 millions de dollars, dans une agence de Fortis à Singapour. L’OTC<br />
demandait à ses clients de régler leurs factures sur un compte de Natura Holdings PTE Ltd<br />
tenu à la banque Fortis à Singapour, numéro de compte NSO190 et code Swift<br />
MEESSGSGTCF. 236 <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a déjà eu l’occasion de rendre compte de l’histoire<br />
mouvementée de Natura Holdings et de sa relation avec l’OTC. 237<br />
Encore une fois, vu le nombre élevé de factures distinctes sur lesquelles apparaissent les<br />
mêmes coordonnées bancaires, il semble raisonnable de présumer que ces paiements ont bel<br />
et bien eu lieu. Cependant, il n’y avait ici aucune relation de correspondant bancaire<br />
indirecte ; il s’agissait en effet de paiements effectués directement sur un compte Fortis. Cela<br />
signifie que Fortis traitait des paiements associés au bois qui alimentaient les guerres en<br />
Afrique de l’Ouest. <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a écrit à Fortis pour l’interroger sur ces paiements, mais la<br />
banque a répondu ne pas être en mesure de s’exprimer sur ce point. À noter qu’au moment où<br />
Fortis a reçu ces paiements, les banques de Singapour étaient tenues par leur régulateur de<br />
mettre en œuvre des mesures de diligence raisonnable à l’égard de leur clientèle. 238<br />
Comme le Groupe d’experts de l’ONU l’avait déjà démontré publiquement, l’argent issu des<br />
ventes de bois servait à acheter des armes utilisées contre les civils, et l’OTC avait été<br />
désignée comme étant impliquée dans cette affaire. Au moment des paiements sur le compte<br />
en dollars de l’OTC à la banque Fortis, les informations suivantes concernant les liens entre le<br />
bois et le conflit libérien étaient déjà dans le domaine public :<br />
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