Sans vigilance - Global Witness
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Fait intéressant, la Recommandation 4 du GAFI exige des pays qu’ils veillent à ce que les lois<br />
sur le secret professionnel des institutions financières n’entravent pas la mise en œuvre des<br />
Recommandations du GAFI – dont le devoir de <strong>vigilance</strong> à l’égard de la clientèle des<br />
correspondants bancaires. L’évaluation dont a fait l’objet le Luxembourg en 2004 (réalisée<br />
par rapport à une version précédente des Recommandations du GAFI, remise à jour en 2003)<br />
a indiqué que le Grand-Duché était « largement conforme » à la recommandation équivalente,<br />
même si, toutefois, « des mesures supplémentaires sont requises pour veiller à ce que les lois<br />
du secret professionnel ne gênent pas la mise en œuvre effective des mesures LBC/LFT ». 98<br />
La dernière évaluation mutuelle du GAFI dont a fait l’objet l’Espagne en juin 2006 a conclu<br />
que ce pays se conformait à la Recommandation 4. 99<br />
Mais que se passe-t-il donc ? <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> se demande si le GAFI prend réellement au<br />
sérieux ses responsabilités en matière d’instauration d’un réseau mondial performant de lois<br />
anti-blanchiment. Dans le domaine des lois sur le secret bancaire, le GAFI a en effet accordé<br />
la note maximale à l’un de ses États membres, l’Espagne, alors même qu’une banque de ce<br />
pays a récemment invoqué ces lois pour mettre des bâtons dans les roues à une enquête sur un<br />
cas de corruption flagrant. Le GAFI a par ailleurs doucement réprimandé un autre État<br />
membre clé, le Luxembourg, en lui demandant au fin fond d’un rapport de mettre en place des<br />
« mesures supplémentaires » : le Luxembourg compte en effet une banque qui en a fait autant.<br />
Le GAFI affirme évaluer à la fois les lois et leur exécution, 100 mais dans ces cas précis, la<br />
partie « exécution » semble avoir été pour le moins négligée.<br />
Bien évidemment, les demandes de renseignements adressées par une agence bancaire à une<br />
autre agence à l’étranger ne constituent pas le seul moyen de faire circuler l’information pardelà<br />
les frontières, même s’il s’agit sans doute de la méthode la plus importante en matière de<br />
lutte contre le blanchiment. Il est possible de recourir à d’autres procédures lorsque l’argent<br />
doit être localisé. Ainsi, les cellules de renseignement financier (CRF) – agences nationales<br />
chargées de réceptionner les déclarations d’opérations suspectes que leur adressent les<br />
banques et de les transmettre aux autorités chargées de l’application des lois – sont en mesure<br />
d’échanger des renseignements à l’échelle internationale, et le groupe Egmont, l’organisation<br />
au sein de laquelle sont réunies ces cellules, dispose d’une série de principes à cet égard.<br />
Ce faisant, les responsables de l’application des lois à l’affût de preuves en vue d’une<br />
poursuite judiciaire ou d’une confiscation d’actifs peuvent demander des informations aux<br />
autres juridictions dans le cadre d’une démarche appelée « entraide judiciaire » (Mutual Legal<br />
Assistance - MLA). Cette démarche peut être facilitée au moyen de « traités d’entraide<br />
judiciaire » (Mutual Legal Assistance Treaty - MLAT) ou de traités multilatéraux tels que la<br />
Convention des Nations Unies contre la corruption et la Convention anticorruption de<br />
l’OCDE, qui interdisent toutes les deux à leurs signataires d’invoquer le secret bancaire pour<br />
refuser d’apporter une entraide judiciaire. 101 Cependant, nombreuses sont les difficultés<br />
associées dans la pratique à l’identification de preuves au moyen de l’entraide judiciaire.<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> s’est adressé à ses interlocuteurs au Trésor public et au ministère de la Justice<br />
américains, qui n’ont pu ni confirmer ni infirmer si les autorités américaines, une fois que les<br />
enquêteurs du Sénat se sont retrouvés dans une impasse, ont recouru à certaines de ces<br />
procédures pour assurer le suivi des virements vers le Luxembourg et l’Espagne depuis les<br />
comptes équato-guinéens détenus à la Riggs. Les seules informations relatives à une<br />
éventuelle enquête américaine proviennent de déclarations émises par les médias espagnols<br />
concernant l’enquête sur Banco Santander (voir ci-dessus) désormais close ; ceux-ci<br />
suggèrent en effet que le bureau du procureur général de New York s’est renseigné auprès des<br />
autorités espagnoles. <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé au bureau du procureur général si cette<br />
enquête avait bien eu lieu, mais il n’a pas pu le confirmer ou l’infirmer.<br />
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