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Sans vigilance - Global Witness

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pétrole brut, de gaz et de produits dérivés (essence pour automobiles, avions, gasoil,<br />

kérosène) au Congo ». 159 Il ressort, semble-t-il, de ce document, que la banque savait que les<br />

fonds de son client provenaient du pétrole congolais.<br />

La banque était en possession d’autres documents qui indiquent que certaines transactions<br />

réalisées sur le compte de Long Beach étaient liées aux revenus du pétrole congolais et,<br />

parfois, à des livraisons précises de produits pétroliers.<br />

Le « journal des transactions quotidiennes » de la Bank of East Asia semblerait indiquer<br />

qu’un virement de 149 944,19 dollars a été effectué le 12 avril 2005 sur le compte de Long<br />

Beach par une personne inconnue de <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> ; le virement porte la référence « MT<br />

Genmar Spartiate B/L 17.1.05 ». Le 31 mai 2005, un autre virement d’un montant de<br />

322 132,84 dollars US a été effectué sur le compte de Long Beach par la même personne.<br />

Celui-ci portait la référence « MT Tanabe B/L 19 mars 2005 ». 160<br />

Les titres de transport en possession de <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> indiquent que MT Genmar Spartiate et<br />

MT Tanabe sont en fait des navires pétroliers. 161 Il ressortirait donc de ces documents que les<br />

paiements afférents à certaines livraisons de produits pétroliers sont arrivés sur le compte de<br />

Long Beach. La banque, sachant que les fonds déposés sur le compte provenaient de la vente<br />

de pétrole congolais, aurait dû procéder à des vérifications approfondies au titre de son<br />

obligation de diligence raisonnable sur l’origine de ces fonds.<br />

Un autre « journal des transactions quotidiennes » de la Bank of East Asia semblerait indiquer<br />

qu’une société dénommée AOGC a procédé le 10 novembre 2004 à un paiement de<br />

299 967 dollars sur le compte de Long Beach. 162<br />

Un arrêt rendu par la High Court de Londres le 28 novembre 2005 a établi que la société<br />

privée Africa Oil and Gas Corporation (AOGC) avait pour propriétaire un dirigeant de la<br />

Société nationale des pétroles du Congo. L’arrêt indique qu’AOGC a servi dans le cadre de<br />

plusieurs transactions « fictives » à empêcher les créanciers de l’État congolais de saisir des<br />

biens publics, comme des recettes pétrolières. L’arrêt affirme également que M. Sassou<br />

Nguesso a participé à ces transactions « fictives ». 163<br />

Depuis le mois de novembre 2001, les recommandations anti-blanchiment hongkongaises<br />

demandent aux banques de procéder à un « suivi constant des comptes et des transactions ».<br />

En juin 2004, soit avant que ces virements sur le compte de Long Beach n’aient été effectués,<br />

ces recommandations ont été mises à jour pour appeler les banques à « procéder à un examen<br />

détaillé et régulier des transactions et des comptes pendant toute la durée de la relation<br />

d’affaires, dans le but de veiller à ce que les transactions soient conformes à la connaissance<br />

[que la banque a] de son client et à son profil commercial et de risque, et, si nécessaire, afin<br />

d’identifier l’origine des fonds ». 164<br />

<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé à la Bank of East Asia si elle avait procédé à des vérifications<br />

concernant AOGC ou la personne désignée comme étant l’auteur des virements effectués sur<br />

le compte de Long Beach, si elle avait pris connaissance de l’arrêt de la High Court rendu au<br />

Royaume-Uni le 28 novembre 2005 ayant établi qu’AOGC avait été partie prenante à<br />

plusieurs transactions fictives, et si elle accepterait à l’avenir d’autres paiements en<br />

provenance d’AOGC sur le compte de Long Beach. La banque n’a pas souhaité répondre.<br />

En résumé : la Bank of East Asia a ouvert un compte au nom d’une société écran appartenant<br />

au fils du Président d’un pays notoirement connu pour ses problèmes de corruption. Cette<br />

même banque, aux termes des recommandations anti-blanchiment hongkongaises, aurait dû<br />

vérifier qui était le client, soit directement soit indirectement par l’intermédiaire d’Orient<br />

Investments. La banque n’a toutefois pas souhaité dire à <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> si elle l’avait fait ou<br />

pas. Les recommandations demandent également à la banque de procéder à un examen attentif<br />

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