Sans vigilance - Global Witness
Sans vigilance - Global Witness
Sans vigilance - Global Witness
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
pas un exemplaire du code des pratiques émis par l’association professionnelle. Dans<br />
de nombreux cas, la documentation était manquante ou insuffisante ».<br />
• « La stratégie du régulateur anguillais en matière de respect des pratiques de lutte<br />
contre le blanchiment de capitaux est de sensibiliser les agents par la formation plutôt<br />
que par le recours à des sanctions, même dans les cas les plus graves. Il ne semble pas<br />
que cette stratégie ait réussi. De sources policières et industrielles locales, une<br />
minorité de prestataires de l’île resterait prête à accepter ‘n’importe quel client’ ». 198<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé à la commission d’Anguilla si elle avait donné suite aux<br />
préoccupations que soulevait le FMI dans son rapport de 2003. Elle n’a pas répondu à cette<br />
question. 199 <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> estime que les préoccupations du FMI ont été rendues criantes par<br />
l’affaire des cartes de crédit de Denis Christel Sassou Nguesso.<br />
« Dans un discours récent sur le terrorisme et son financement, le ministre britannique<br />
des Finances s’est engagé à ce que son ministère travaille en plus étroite collaboration<br />
avec le secteur financier pour identifier les transactions suspectes. Il a comparé le travail<br />
minutieux d’enquête nécessaire dans le cadre de la lutte contre le financement du<br />
terrorisme aux résultats de Bletchley Park (quartier général des services de<br />
renseignement britannique durant la Deuxième Guerre mondiale). Cela est réjouissant. Ce<br />
travail doit être appliqué avec la même vigueur et bénéficier du même soutien dans le<br />
domaine de la lutte contre la corruption. Après tout, le détournement du budget de la<br />
santé d’un pays peut aussi constituer une menace à la sécurité ».<br />
Africa All Party Parliamentary Group, The Other Side of the Coin: the UK and<br />
Corruption in Africa, mars 2006<br />
La question de la réglementation de l’industrie des services financiers d’Anguilla relève de la<br />
responsabilité directe du gouverneur de l’île, qui est nommé par le Royaume-Uni. Cette<br />
responsabilité incombe donc également au Royaume-Uni. 200 En s’abstenant de veiller à ce<br />
qu’Anguilla soumette ses prestataires de services aux entreprises à une réglementation digne<br />
de ce nom en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le Royaume-Uni est quelque<br />
part responsable des achats de produits de luxe de M. Sassou Nguesso grâce à l’argent du<br />
pétrole congolais.<br />
Conclusion<br />
Cette affaire montre que les règles régissant les personnes politiquement exposées et qui<br />
obligent les banques à être encore plus vigilantes lorsqu’elles ont affaire à une PPE n’ont pas<br />
vraiment de raison d’être si les mesures initiales de diligence raisonnable ne parviennent pas<br />
dès le début à identifier le client comme étant une PPE. C’est pourquoi l’identification du<br />
bénéficiaire effectif et ultime d’une entité comme Long Beach est si importante. Si les<br />
banques ne peuvent le faire elles-mêmes, en remontant jusqu’à la personne physique qui se<br />
trouve au sommet de la chaîne, elles doivent refuser la transaction envisagée. Les banques ne<br />
devraient pas avoir la possibilité de s’en remettre à des intermédiaires pour accomplir à leur<br />
place les mesures de diligence raisonnable qui leur incombent.<br />
Cette affaire montre également que le GAFI a pu identifier certaines failles dans les<br />
dispositifs réglementaires de Hong Kong et d’Anguilla, failles qui ont permis à ces<br />
transactions d’avoir lieu. Voilà ce que le GAFI est, entre autres choses, capable de faire :<br />
identifier les problèmes au vu de la version actuelle des 40 Recommandations.<br />
Mais deux constats s’imposent. Tout d’abord, Hong Kong n’a pas fait grand-chose durant les<br />
quatre années qui ont suivi les critiques dont elle a fait l’objet en 2003, comme en témoigne<br />
l’évaluation de 2007. Le GAFI a-t-il suffisamment fait pression pour qu’il n’en soit pas ainsi ?<br />
57