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Sans vigilance - Global Witness

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elles-mêmes considérablement dans l’infrastructure pétrolière du pays, et le gouvernement<br />

angolais peut également compter sur une ligne de crédit permanente mise à disposition par la<br />

Chine, qui serait comprise entre 2 et 7 milliards de dollars, pour reconstruire l’économie<br />

nationale. 345 Cette ligne de crédit aurait été augmentée pour financer la construction d’un<br />

nouvel aéroport et le développement de l’infrastructure routière et ferroviaire. 346 Certaines<br />

voix se sont exprimées pour faire part de leurs inquiétudes quant aux modalités opaques de<br />

levée des fonds chinois, mettant en garde contre d’éventuels détournements de fonds. 347<br />

Mais ce n’est pas tout. Un consortium de banques angolaises aurait ouvert une ligne de crédit<br />

de 3,5 milliards de dollars au gouvernement pour financer la reconstruction. 348 En 2003, la<br />

Deutsche Bank a signé un accord-cadre avec le ministère des Finances relatif à des prêts<br />

d’infrastructure qui s’élèvent au total à plus de 800 millions d’euros (1,1 milliard de<br />

dollars). 349 En juin 2008, la Société Générale a signé un accord-cadre de financement du<br />

développement des infrastructures. 350 Au vu de ces nombreuses sources de financement, la<br />

question de l’utilisation des fonds gagés sur le pétrole reste ouverte.<br />

Le FMI et la Banque mondiale ont, à plusieurs moments de leurs relations difficiles avec<br />

l’Angola, exercé des pressions sur le gouvernement pour qu’il renonce aux emprunts<br />

commerciaux gagés sur le pétrole, qui ont été la cible, à maintes reprises, de leurs critiques. 351<br />

Le FMI propose des conditions à long terme bien plus avantageuses que les banques<br />

commerciales. Pourtant, l’Angola préfère avoir recours aux prêts à court terme et à taux<br />

d’intérêt élevés des établissements privés pour ne pas voir ses finances publiques passées au<br />

crible, comme ce serait le cas dans le cadre d’engagements pris avec le FMI. Les promesses<br />

de ne plus recourir à de tels prêts n’ont pas été tenues, comme l’indiquait <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> dans<br />

ses rapports Tous les hommes des Présidents et C’est l’heure de la transparence.<br />

Mais l’Angola, dont la confiance grandit à mesure de l’augmentation de sa production<br />

pétrolière (et, jusqu’à récemment, de la hausse constante des cours du pétrole), peut faire la<br />

sourde oreille. Fin 2006, le gouvernement angolais a remboursé 2,3 milliards de dollars de<br />

dettes à des créanciers du Club de Paris au lieu de négocier le rééchelonnement de cette dette<br />

ou son effacement partiel, qui aurait, il est vrai, nécessité la mise en œuvre d’un programme<br />

approuvé par le FMI. 352<br />

Le problème des prêts gagés sur le pétrole<br />

Il n’y a rien de mal à utiliser des actifs en garantie d’emprunts. On ne peut cependant pas en<br />

dire autant lorsque les actifs sont utilisés sans contrôle public ni supervision parlementaire,<br />

lorsqu’il n’existe aucune transparence sur les prêts eux-mêmes ou les commissions qu’ils<br />

génèrent. On ne peut pas non plus en dire autant lorsque les prêts alimentent un système<br />

financier parallèle susceptible d’entretenir la corruption, comme le laissent penser les cas de<br />

l’Angolagate et d’Abalone (voir Prêts gagés sur le pétrole – une sale histoire, à la page 80).<br />

Les enquêtes effectuées par <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> en Angola montrent que les entreprises publiques,<br />

comme dans d’autres pays corrompus, servent à obtenir des financements occultes hors<br />

budget national. Elles peuvent donc constituer un risque important pour les banques qui ont<br />

des relations d’affaires avec elles.<br />

Du point de vue des banques, leurs services de financement ne font que proposer des<br />

emprunts commerciaux à une compagnie pétrolière. En Angola, les prêts gagés sur le pétrole<br />

sont consentis à la Sonangol et non au gouvernement angolais. C’est sur cette base que les<br />

banques les ont mis en place. Pendant des années, la Sonangol est parvenue à se présenter aux<br />

yeux des compagnies pétrolières et des grandes banques internationales avec lesquelles elle<br />

entretient des relations d’affaires comme étant étrangère à la situation chaotique qui<br />

caractérise le reste des finances angolaises. L’article de Ricardo Soares de Oliveira montre<br />

comment la Sonangol a été, depuis le début, préservée de la situation chaotique de l’économie<br />

politique de l’Angola et est devenue « un exemple paradoxal de réussite dans l’un des pays les<br />

plus mal gouvernés au monde ». 353<br />

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