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Sans vigilance - Global Witness

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contrainte, les enquêteurs du Sénat avaient passé au crible des cartons entiers de documents<br />

appartenant à la banque pour déterminer la véritable ampleur de sa relation avec la Guinée<br />

équatoriale. Le contenu du rapport était incendiaire, et comprenait notamment des détails<br />

picaresques, tels que le chargé des comptes équato-guinéens, Simon Kareri, allant déposer à la<br />

banque des valises d’argent liquide. Par la suite, Kareri a plaidé coupable pour fraude et<br />

complot après avoir détourné plus d’un million de dollars vers ses propres comptes ; il a été<br />

condamné à 18 mois de prison. 54<br />

De 1995 à 2004, la Riggs a géré plus de 60 comptes pour des hauts fonctionnaires du<br />

gouvernement équato-guinéen, le montant total des dépôts étant à chaque fois de 400 à<br />

700 millions de dollars. 55 <strong>Sans</strong> prendre aucune mesure de diligence raisonnable pour<br />

déterminer comment les fonctionnaires avaient pu se retrouver à la tête d’une telle fortune, la<br />

Riggs a ouvert des comptes personnels pour le Président Obiang en personne, son épouse et<br />

d’autres membres de sa famille. La banque a également contribué à la mise en place de<br />

sociétés écrans offshore pour Obiang et ses fils. Sur une période de trois années allant de 2000<br />

à 2002, la Riggs a accepté des dépôts en espèces d’un montant de près de 13 millions de<br />

dollars sur des comptes contrôlés par le Président et son épouse. 56<br />

À noter que la banque a même accepté une fois, sans prendre de mesures de <strong>vigilance</strong>, un<br />

dépôt en espèces de 3 millions de dollars sur un compte appartenant à l’une des sociétés<br />

écrans offshore d’Obiang. 57 Une autre fois, la Riggs a ouvert un compte pour permettre au<br />

gouvernement équato-guinéen de recevoir des fonds provenant directement de compagnies<br />

pétrolières et autorisant seulement deux signataires à effectuer des retraits : Obiang, et son fils<br />

ou son neveu. La Riggs a ensuite permis le virement de 35 millions de dollars depuis ce<br />

compte vers deux sociétés inconnues titulaires de comptes dans des juridictions appliquant le<br />

secret bancaire. 58<br />

Le problème n’était aucunement imputable à un employé subalterne qui n’aurait pas fait son<br />

travail correctement. En effet, la haute direction était tout à fait au courant de l’existence des<br />

comptes équato-guinéens, et elle a rencontré Obiang ou ses représentants à plusieurs reprises.<br />

On peut lire dans une lettre adressée à Obiang en mai 2001 et signée par le président de la<br />

Riggs, son CEO, le président d’une autre banque et le chargé des comptes équato-guinéens :<br />

« Nous tenons à vous remercier de nous avoir donné la possibilité d’organiser un<br />

déjeuner en votre honneur dans les locaux de la Riggs. Nous avons sincèrement<br />

apprécié nos discussions et avons été particulièrement intéressés d’apprendre les<br />

développements que connaît actuellement la Guinée équatoriale… Suite à la demande<br />

que vous nous avez adressée, selon laquelle vous souhaiteriez que nous agissions en<br />

qualité de Conseillers financiers pour vous et le Gouvernement de la Guinée<br />

équatoriale, nous avons constitué un comité composé des plus hauts cadres de la Riggs<br />

qui se réunira régulièrement pour discuter de notre relation avec la Guinée équatoriale<br />

et de la manière dont nous pouvons vous servir pour le mieux. » 59<br />

Parmi les autres documents internes à la banque qui sont ressortis de l’enquête, citons :<br />

• Un mémo diffusé entre différents membres du personnel de la banque datant de 2001<br />

convoquant une réunion afin de débattre des fonds de plus en plus importants détenus<br />

sur les comptes équato-guinéens. « D’où vient cet argent ? Du pétrole – de l’or noir –<br />

du thé texan ! », exulte son auteur. 60<br />

• Un mémo adressé par Simon Kareri, chargé de la gestion des comptes équatoguinéens,<br />

à Larry Hebert, son supérieur, suite à un article paru dans la presse sur la<br />

corruption du Président Obiang. Kareri affirme ainsi :<br />

« Concernant le problème de la corruption du Président de la Guinée équatoriale, je<br />

m’en offusque car je connais assez bien cette personne. Nous avons passé en revue …<br />

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