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Sans vigilance - Global Witness

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affirment dans leurs documents d’entreprise dédiés à la responsabilité sociale prendre les<br />

décisions d’ordre éthique très au sérieux.<br />

Par exemple, comme nous le verrons au chapitre 8, certaines des banques qui ont accordé des<br />

prêts gagés sur le pétrole à la compagnie pétrolière publique angolaise se targuent des<br />

relations qu’elles entretiennent avec le pays, et ce en dépit du fait qu’il affiche le taux le plus<br />

élevé au monde de mortalité infantile par rapport à la richesse nationale, et qu’il s’obstine à<br />

refuser de fournir des informations transparentes et vérifiées sur ce qui advient de ses recettes<br />

pétrolières.<br />

<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a adressé un courrier aux cinquante plus grandes banques du monde (selon un<br />

classement réalisé en juillet 2008) pour leur demander si elles étaient dotées d’une politique<br />

consistant à proscrire l’ouverture de comptes pour des chefs d’État ou des hauts<br />

fonctionnaires ou leurs familles s’ils viennent d’un pays réputé comme étant très corrompu,<br />

ou encore – sans doute une évidence pour les banques qui affirment prendre très au sérieux<br />

leurs engagements envers le respect des droits de l’homme – pour des chefs d’État des<br />

régimes les plus répressifs au monde. 26<br />

Seize banques seulement ont répondu : la Barclays, Bayerische Hypo-und-Vereinsbank, BNP<br />

Paribas, Calyon, Commerzbank, le Crédit Agricole, le Crédit Suisse, Danske Bank, Fortis,<br />

HSBC, ING, JP Morgan Chase, National Australia Bank, Rabobank, la Royal Bank of<br />

Scotland et UBS. 27 Parmi celles-ci, aucune, excepté une, n’a répondu à cette question de<br />

manière explicite. Rabobank a déclaré ne pas disposer de ce type de politiques. Celles qui ont<br />

répondu ont toutes décrit dans le détail la manière dont bien évidemment leurs politiques se<br />

conforment aux réglementations anti-blanchiment des capitaux, qui leur imposent d’identifier<br />

les comptes susceptibles d’être corrompus et de procéder à des contrôles approfondis, et un<br />

certain nombre d’entre elles ont évoqué leur conformité aux régimes de sanctions qui<br />

empêchent quiconque de faire des affaires avec certains pays.<br />

Mais aucune de ces banques n’a pris de décision politique spécifique interdisant les comptes<br />

de chefs d’État ou de hauts fonctionnaires des pays les plus corrompus ou des régimes les plus<br />

répressifs au monde.<br />

Quelle entreprise ou quel individu ?<br />

Il convient ensuite de choisir avec quels individus ou entreprises entamer une relation<br />

d’affaires. La diligence raisonnable, qu’on appelle également « <strong>vigilance</strong> » (« due diligence »<br />

en anglais) désigne la démarche par laquelle les banques décident de faire des affaires ou non<br />

avec quelqu’un. Cela implique de se renseigner sur l’identité de son client, que ce soit pour lui<br />

prêter de l’argent ou lui ouvrir un compte. Il a toujours été dans l’intérêt des banques de<br />

prendre des mesures de diligence raisonnable avant d’accorder un crédit ou de placer les<br />

capitaux de clients potentiels, car elles se doivent de maîtriser le risque de ne pas recouvrer<br />

leur argent.<br />

Depuis les années 1980, cependant, des règlements anti-blanchiment des capitaux de plus en<br />

plus stricts imposent aux banques de prendre des mesures de diligence raisonnable avant<br />

d’accepter l’argent des clients, l’idée étant d’empêcher le produit d’actes délictueux de<br />

pénétrer dans le système financier mondial. L’obligation de diligence raisonnable en matière<br />

de connaissance du client se place au cœur des règlements permettant de lutter contre le<br />

blanchiment des capitaux : il s’agit là de savoir qui est ce client, de s’assurer qu’il peut<br />

prouver être la personne qu’il affirme être, et d’identifier la manière dont il a généré son<br />

argent. Si la banque ne parvient pas à répondre à ces questions – ce qui pourrait sous-entendre<br />

que le client essaie de dissimuler son identité, et donc qu’il a quelque chose à cacher –, elle ne<br />

devrait pas accepter ce client. Et elle ne devrait pas non plus accepter de fonds si elle<br />

soupçonne que leur origine puisse être illicite.<br />

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