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Sans vigilance - Global Witness

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La Bank of East Asia pouvait donc soit accomplir elle-même les vérifications d’usage au titre<br />

des mesures de diligence raisonnable à prendre concernant le propriétaire de Long Beach, soit<br />

s’en remettre à Orient Investments. Mais ni la Bank of East Asia ni Orient Investments n’ont<br />

souhaité dire s’ils l’avaient fait. La Bank of East Asia a refusé de répondre aux questions<br />

précises que lui posait <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong>. Orient Investments et ses filiales Pacific Investments<br />

et ICS n’ont pas non plus souhaité répondre aux demandes de renseignements de <strong>Global</strong><br />

<strong>Witness</strong> portant sur les vérifications effectuées sur leur client Denis Christel Sassou Nguesso.<br />

Les recommandations anti-blanchiment hongkongaises appellent également les banques à<br />

effectuer des vérifications approfondies lorsqu’elles ont affaire à une PPE. Les<br />

recommandations indiquent que les facteurs de risque qu’il faut prendre en considération à<br />

l’égard d’une PPE concernent notamment « toute préoccupation particulière sur le pays dont<br />

[elle] est originaire, en tenant compte des fonctions qu’elle occupe ». 156 Bien entendu, la<br />

banque doit, pour ce faire, savoir qu’elle a affaire à une PPE. <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé à la<br />

Bank of East Asia si elle avait établi que le propriétaire du compte de Long Beach était une<br />

PPE. La banque n’a pas souhaité répondre.<br />

Lors de l’ouverture du compte en 2003, <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> note que la République du Congo<br />

était placée en 113 e position dans l’Indice de perception de la corruption de Transparency<br />

International qui compte 133 pays. 157 Le FMI et la Banque mondiale ont exprimé leurs<br />

« profonds doutes sur la gouvernance et la transparence financière » au Congo, notamment en<br />

ce qui concerne la gestion du secteur pétrolier. 158<br />

Les recommandations hongkongaises demandaient donc à la Bank of East Asia de savoir qui<br />

était son client. En d’autres termes, la banque aurait dû savoir que son client était en fait<br />

chargé d’ouvrir un compte pour le fils du Président du Congo qui, outre ses fonctions à la tête<br />

de la Cotrade, est à n’en pas douter une personne politiquement exposée.<br />

Le sachant, la Bank of East Asia aurait dû, aux termes des recommandations hongkongaises,<br />

procéder à des vérifications approfondies, en tenant compte des fonctions occupées par Denis<br />

Christel Sassou Nguesso et des doutes exprimés sur le Congo lui-même. C’est ainsi que la<br />

question de la corruption au Congo aurait dû être abordée suite aux rapports publiés par la<br />

Banque mondiale et Transparency International, que la banque aurait pu facilement consulter<br />

sur Internet.<br />

Il est cependant difficile de dire si la Bank of East Asia connaissait ou pas l’identité de son<br />

client, si elle savait qu’il était politiquement exposé, et si la banque a respecté son obligation<br />

de diligence raisonnable, tout simplement parce que la banque n’a pas répondu aux questions<br />

que <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> lui posait sur ce point. Bien entendu, ce n’est pas parce qu’une banque<br />

s’abrite derrière la confidentialité qu’elle doit à son client et refuse de répondre à nos<br />

questions qu’elle ne s’est pas acquittée de son obligation de diligence raisonnable. Le fait est<br />

que <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> et le peuple du Congo, le principal intéressé dans cette affaire, ne savent<br />

ni ce qui s’est passé ni si la banque a respecté son obligation de diligence raisonnable. Tout ce<br />

que nous savons ressort des documents : une société offshore, basée dans un paradis fiscal,<br />

dont le bénéficiaire effectif est le fils du Président de la République du Congo, a pu ouvrir un<br />

compte.<br />

Ce qui nous amène à la deuxième question : la Bank of East Asia connaissait-elle l’origine<br />

(pétrolière) des fonds déposés sur le compte ?<br />

La Bank of East Asia était en mesure de savoir que l’argent déposé sur le compte provenait<br />

vraisemblablement de la vente du pétrole congolais. En effet, d’après plusieurs documents<br />

produits devant un juge à Hong Kong, la banque était en possession d’une fiche de<br />

renseignements client concernant Long Beach signée par Orient au nom de Long Beach et<br />

décrivant ses principales activités commerciales comme étant les suivantes : « Vente de<br />

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