Sans vigilance - Global Witness
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sale reste en dehors du système financier. En l’état actuel des choses, tout le monde est amené<br />
à penser que l’argent passe d’une manière ou d’une autre à travers les mailles du filet, et que<br />
rien n’est vraiment fait pour l’en empêcher.<br />
3. Comme en 2003, l’évaluation 2007 du GAFI a constaté que les prestataires de<br />
services aux entreprises et aux trusts n’étaient toujours pas soumis à Hong Kong à<br />
une réglementation en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le<br />
financement du terrorisme. 189<br />
L’AMHK a confirmé à <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> que « comme dans de nombreux autres pays, les<br />
prestataires de services aux entreprises et aux trusts à Hong Kong ne font pas actuellement<br />
l’objet d’une surveillance à des fins de LBC/LFT ». Celle-ci a tout de même essayé de faire<br />
passer la pilule en ajoutant que « le gouvernement de Hong Kong fait tout ce qui est en son<br />
pouvoir pour sensibiliser les entreprises et les professions non financières concernées, y<br />
compris les prestataires de services aux entreprises et aux trusts, à la lutte contre le<br />
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Les organismes représentant les<br />
professions d’avocat et de secrétaire de Hong Kong ont émis à l’intention de leurs membres<br />
des directives LBC/LFT détaillées. Le gouvernement poursuivra ses efforts en la matière et<br />
envisage la mise en place d’un cadre réglementaire formel régissant ces entreprises et<br />
professions ». 190 Force est de constater que l’adoption par les associations professionnelles de<br />
recommandations à l’intention de leurs membres, tout en constituant un début, n’est pas un<br />
substitut à une véritable réglementation.<br />
Tout cela signifie donc qu’une société hongkongaise, qui a pris part à la création d’une<br />
structure servant apparemment à piller les fonds publics du Congo, n’est soumise à aucune<br />
réglementation en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. Par ailleurs, une banque<br />
hongkongaise peut s’en remettre à un tiers pour prendre des mesures de diligence raisonnable<br />
à l’égard de la clientèle pour autant que ce tiers se trouve dans un pays suffisamment<br />
réglementé. Mais il n’existe aucun définition précise de ce que « suffisamment réglementé »<br />
peut bien vouloir dire. Au demeurant, le système réglementaire d’Anguilla où sont<br />
immatriculés Orient et Pacific Investments a été très largement montré du doigt, comme nous<br />
le verrons un peu plus loin. Au bout du compte, aucune loi à Hong Kong n’impose la prise de<br />
mesures de diligence raisonnable à l’égard de la clientèle. Il existe donc à Hong Kong de<br />
profondes brèches dans le système réglementaire.<br />
Au niveau international, les prestataires de services aux entreprises sont régis par les<br />
recommandations du GAFI depuis 2003. En s’abstenant de réglementer la profession de<br />
prestataire de services aux entreprises, Hong Kong manque à ses obligations. Hong Kong<br />
n’est cependant pas seul. Les experts-conseils en création de sociétés ne sont soumis aux<br />
États-Unis à aucune obligation de vérifier l’identité du client, même si une loi intitulée<br />
« Incorporation Transparency and Law Enforcement Assistance Act » présentée en mai 2008<br />
par les sénateurs Barack Obama, Carl Levin et Norm Coleman devrait changer la situation. 191<br />
Comme l’indique un expert international de la lutte contre le blanchiment de capitaux, « en<br />
dehors de l’UE, les avis sont très partagés sur l’introduction de cette obligation [dans les<br />
dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent] ». La brèche n’est pas seulement<br />
hongkongaise, mais mondiale.<br />
Anguilla<br />
Anguilla est une petite île des Caraïbes dont l’industrie des services financiers est quasiment<br />
tout entière consacrée aux services aux trusts et aux entreprises. En théorie, les<br />
réglementations anti-blanchiment s’appliquent à ces prestataires, parmi lesquels figurent les<br />
sociétés Orient et Pacific Investments, qui ont procédé à la création de Long Beach et en ont<br />
détenu les parts en fiducie. 192<br />
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