Sans vigilance - Global Witness
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BNP Paribas, que Teodorin a utilisés pour s’acheter des voitures de luxe en 1998 et en 2000,<br />
transactions qui auraient dû alerter les banques, ont été fermés, ni s’ils l’ont été avant ou après<br />
l’effondrement de la Riggs en 2004-5.<br />
Le compte bancaire qui soulève donc le plus de questions est celui de la Barclays, qui restait<br />
ouvert à la fin de l’année 2007, soit trois ans après la condamnation de la Riggs. Voilà une<br />
banque britannique qui tient un compte au nom du fils Obiang qui a publiquement déclaré<br />
qu’il était normal dans son pays de percevoir des commissions sur les marchés publics, alors<br />
même que la débâcle de la Riggs a prouvé de manière éclatante qu’être le banquier des<br />
Obiang comportait des risques énormes. Toujours est-il que la Barclays se refuse à dire<br />
comment elle s’est acquittée de son obligation de diligence raisonnable.<br />
En ce qui concerne le Gabon et la famille Bongo, les banques françaises BNP Paribas et<br />
Crédit Lyonnais réalisent encore aujourd’hui des opérations bancaires pour le compte d’Omar<br />
Bongo, soit près de deux ans après que Citibank a renoncé aux comptes de ce dernier. Quatre<br />
comptes à BNP Paribas ont été ouverts après la fermeture des comptes Citibank. Force est<br />
donc de constater que si les banques peuvent être contraintes dans un pays de se séparer de<br />
leurs clients à hauts risques, les banques d’autres pays ne sont pas contraintes d’en tenir<br />
compte. Rien n’oblige en effet les banques à connaître des actions prises dans d’autres pays<br />
concernant leurs clients.<br />
Pendant ce temps, le dossier de police français a révélé l’existence d’autres comptes français<br />
actifs fin 2007. Quatre de ces comptes ouverts à Paris auprès de la Société Générale<br />
appartiendraient à Denis Christel Sassou Nguesso, fils du Président du Congo-Brazzaville et<br />
haut fonctionnaire chargé de la commercialisation du pétrole congolais. 140<br />
Comme le montrera le prochain chapitre, plusieurs actions en recouvrement de créances<br />
introduites à partir de 2005 permettent de s’interroger sur la gestion par M. Sassou Nguesso<br />
du pétrole congolais. Un arrêt de la High Court britannique rendu au mois de juillet 2007 dans<br />
une autre affaire estime en effet qu’il est possible de « déduire que [les] dépenses [de<br />
M. Sassou Nguesso] ont été financées par les profits personnels secrets tirés de transactions<br />
pétrolières … » et « pour tout dire » que les documents concernant l’une de ses sociétés<br />
« donnent à penser » que M. Sassou Nguesso et sa société qui n’offrent aucun « semblant<br />
d’explication » sont « peu recommandables ou corrompus ». 141 Pourtant, une banque<br />
hongkongaise et un prestataire de services aux entreprises ont permis à M. Sassou Nguesso de<br />
déplacer ces « profits personnels secrets » autour du monde sans difficulté.<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé à la Société Générale comment la banque s’était acquittée de son<br />
obligation de diligence raisonnable à l’égard de son client M. Sassou Nguesso. La banque n’a<br />
pas souhaité répondre. La Société Générale est un membre du groupe de Wolfsberg, qui met<br />
en garde contre les risques potentiels que présentent les PPE à la tête d’entreprises<br />
publiques. 142<br />
Action requise :<br />
• Le gouvernement français devrait rouvrir l’enquête sur les biens français de dirigeants<br />
africains qu’ils n’auraient pu acquérir grâce à leurs seuls salaires et émoluments.<br />
• Les banques ne devraient avoir le droit d’effectuer des transactions impliquant des<br />
revenus issus des ressources naturelles qu’à condition de disposer d’informations<br />
appropriées leur permettant de s’assurer que les fonds ne sont pas détournés des objectifs<br />
publics. En l’absence d’informations de ce type, elles ne devraient pas être autorisées à<br />
exécuter cette transaction.<br />
• Le GAFI devrait créer un groupe de travail dédié spécifiquement à la lutte contre les<br />
produits de la corruption, notamment au rôle prédominant des ressources naturelles dans<br />
les flux d’argent de la corruption. Des experts externes, dont des agents chargés de<br />
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