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Sans vigilance - Global Witness

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anques de vérifier la situation de leurs clients, et, le cas échéant, de déposer auprès des<br />

autorités une déclaration d’opérations suspectes (DOS) si elles ont des doutes quant à<br />

l’origine des fonds (voir l’encadré n° 2 à la page X sur la manière dont les lois antiblanchiment<br />

sont censées fonctionner).<br />

Mais, en pratique, le respect de ces obligations réglementaires, qui consiste à cocher la case<br />

identité du client et à déposer une déclaration d’opérations suspectes, suffit-il à empêcher les<br />

banques d’avoir pour clients des personnalités apparemment corrompues ? Voilà la question<br />

que pose le présent rapport. La réponse semble être non. <strong>Sans</strong> faire référence à quelque cas<br />

que ce soit, une banque peut ne pas avoir déterminé le client ultime qui se trouve en bout de<br />

chaîne ou ne pas s’être suffisamment renseignée sur l’origine des fonds du client.<br />

Une banque peut également avoir des doutes et déposer une déclaration d’opérations<br />

suspectes sans que les autorités n’y donnent suite. Dans d’autres cas, elles peuvent autoriser<br />

l’opération pour des motifs politiques ou liés à la sécurité. <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> croit savoir que<br />

certains gouvernements ont du mal à répondre au nombre important de déclarations qui sont<br />

déposées.<br />

Des personnes bien informées ont également indiqué à <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> que des questions<br />

d’ordre politique ou diplomatique peuvent se cacher derrière certaines décisions d’autoriser la<br />

réalisation d’opérations après le dépôt d’une déclaration d’opérations suspectes. Si le régime<br />

de la déclaration permet aux autorités judiciaires d’obtenir des informations utiles, il peut<br />

aussi être un faux-fuyant. Permettre à tout le monde d’avoir bonne conscience et l’impression<br />

de faire quelque chose, sans réellement s’attaquer au problème. En effet : une banque pense<br />

que l’argent est sale. Elle en informe les autorités. Celles-ci donnent le feu vert. L’argent sale<br />

se retrouve dans la banque et l’on facilite la corruption. Si les autorités judiciaires entrent<br />

immédiatement en action, le système fonctionne. Mais ce n’est trop souvent pas le cas.<br />

Le rapport pose d’autres questions. Les banques sont-elles prêtes à dire non à une activité<br />

rentable ? Quelle est l’intensité de la culture de « compliance » ou de conformité au droit au<br />

sein des banques ? Quelle influence les agents de contrôle exercent-ils sur les décisions des<br />

chargés de clientèle ? Et surtout, à quoi sert l’obligation de diligence raisonnable sinon à<br />

mettre hors jeu les personnes que les banques ne devraient pas prendre pour clients ?<br />

En demandant aux banques de vérifier l’identité de leurs clients et de déposer des déclarations<br />

d’opérations suspectes lorsqu’elles ont des doutes sur l’origine des fonds, les lois antiblanchiment<br />

demandent en fait aux banques de tirer la sonnette d’alarme. Ce qui est très<br />

difficile pour les banques dont la principale finalité est de faire de l’argent. Cela crée des<br />

tensions extrêmes au sein des établissements bancaires entre ceux qui sont chargés de la<br />

conformité, et dont le métier est de veiller au respect de l’obligation de diligence raisonnable,<br />

et ceux qui sont chargés de développer l’activité bancaire et sont toujours désireux de mener à<br />

bien une opération rentable. C’est pourquoi <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> estime que si les banques doivent<br />

étoffer leur culture de la diligence raisonnable, qui ne doit pas se résumer à simplement<br />

cocher une case sur un formulaire, les banques doivent être soumises à plus de contrôles<br />

réglementaires pour non seulement veiller à la bonne application de cette obligation mais<br />

également pour assister davantage ceux qui au sein des banques sont chargés de la fonction de<br />

conformité.<br />

« De par mon expérience professionnelle en tant qu’agent de contrôle, je peux dire que<br />

vous êtes écouté lorsque vous dénoncez certaines choses, mais qu’au bout du compte, le<br />

business prime. Il y a tant de moyens de contourner les règles et de faire en sorte de<br />

dissimuler l’origine criminelle des fonds… Vous créez des sociétés dans le monde entier<br />

et avec les sommes qui gravitent autour, vous ne pouvez pas en déterminer l’origine ni la<br />

société qui en est à l’origine ». Ancien agent de contrôle, 2008 17<br />

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