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Sans vigilance - Global Witness

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2. Qui est votre client ?<br />

De nos jours, les banques font des bénéfices en offrant un large éventail de services, dont<br />

certains reposent sur des instruments financiers si complexes que, comme l’a montré la crise<br />

bancaire, même leurs dirigeants ne les comprennent pas tout à fait. Mais force est de constater<br />

qu’elles jouent, et ont toujours joué, un rôle de facilitateur et d’agent. En consentant des fonds<br />

aux entreprises, elles leur permettent de se développer. En garantissant les transactions, elles<br />

permettent le paiement des échanges commerciaux. En tenant des comptes, elles contribuent à<br />

garder l’argent et à le mettre à disposition au moment et à l’endroit voulus.<br />

S’il n’y avait pas de banque pour proposer ces services, les affaires ne pourraient pas se<br />

développer, les achats ne pourraient être payés, l’argent ne pourrait pas être conservé en toute<br />

sécurité en attendant que l’on s’en serve. Dans ce sens, les banques sont semblables aux<br />

autres agents : elles ne produisent pas elles-mêmes de biens mais contribuent à concrétiser les<br />

transactions commerciales d’autres entités.<br />

<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> fait valoir dans ce rapport que le détournement à grande échelle des revenus<br />

issus des ressources naturelles ne pourrait avoir lieu sans l’implication des banques. De toute<br />

évidence, les banques ne sont pas les seuls « facilitateurs » de la corruption. Les commissaires<br />

aux comptes, les juristes, les prestataires de services aux trusts et aux entreprises et les<br />

structures réglementaires implantées dans des juridictions instituant le secret bancaire font<br />

tous partie du système qui permet d’exploiter différentes failles au niveau de la surveillance et<br />

de l’application des lois dans le but de déplacer l’argent sale d’un endroit de la planète à un<br />

autre. Certains d’entre eux joueront un rôle clé dans les récits qui suivent. À noter toutefois<br />

que dans le présent rapport, <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> s’intéresse essentiellement au rôle des banques –<br />

et des gouvernements qui les régulent.<br />

Bien évidemment, comme n’importe quel agent, les banques sont libres de choisir les clients<br />

auxquels elles souhaitent proposer leurs services. Cette décision se prend au moins à deux<br />

niveaux : au niveau du pays, et au niveau de l’individu ou de l’entreprise.<br />

Quel pays ?<br />

Le choix du pays, sauf dans des cas extrêmes où des sanctions ont été imposées, par exemple<br />

en Corée du Nord, incombe à la banque. 25 Le « risque pays » fait partie des principaux types<br />

de risque dont tiennent compte les banques lorsqu’elles choisissent où nouer des relations<br />

d’affaires. Cette démarche comprend une analyse des facteurs économiques, politiques et<br />

sociaux susceptibles d’affecter la volonté ou la capacité du gouvernement à remplir ses<br />

obligations, ou des décisions politiques prises par le gouvernement pouvant influer sur la<br />

capacité des individus ou entreprises à nouer des affaires dans le pays en question. Le risque<br />

pays, comme tous les autres types de risque que les banques analysent avant d’accepter un<br />

nouveau client, consiste à garantir que les prêts accordés par la banque seront remboursés et<br />

qu’elle en tirera des bénéfices. Bien que les régulateurs s’intéressent au risque pays dans le<br />

contexte de l’impact qu’il peut avoir sur le « risque crédit » – le risque que la dette ne soit pas<br />

remboursée, ce qui affecterait le coefficient de capital de la banque –, ce point n’est pas<br />

passible d’amendes pénales.<br />

Ce que le risque pays n’inclut en revanche pas est l’analyse du caractère éthique des relations<br />

d’affaires nouées avec un régime particulier, par exemple avec un régime qui transgresse les<br />

droits de l’homme ou qui ne fait pas profiter la vaste majorité de la population de ses recettes<br />

pétrolières. Les banques sont bien évidemment libres de choisir les pays dans lesquels elles<br />

opèrent en fonction du caractère éthique que revêt le fait d’entretenir des relations avec tel ou<br />

tel régime. Comme le montrera ce rapport, l’éthique n’est pas toujours un critère prépondérant<br />

pour les banques lorsqu’elles en viennent à décider où conclure des affaires, bien qu’elles<br />

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