Sans vigilance - Global Witness
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Le résultat est illustré par l’ordre de paiement, adressé à la Bank of East Asia, relatif au relevé<br />
de carte de crédit de Denis Christel Sassou Nguesso, qui avait été visé « Vérifié contre le<br />
registre des terroristes » (voir chapitre 5). Que faudra-t-il pour qu’un tel ordre de paiement<br />
soit visé « Vérifié contre le registre des PPE » ? Et quand la Riggs a écrit à HSBC au<br />
Luxembourg et à Banco Santander en Espagne pour leur demander qui se trouvait derrière les<br />
comptes Kalunga et Apexside, la réponse aurait-elle été différente si un terroriste potentiel<br />
avait été impliqué, au lieu d’argent du pétrole potentiellement pillé ?<br />
Partant, <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> recommande au GAFI de créer un groupe de travail dédié à la<br />
prévention des flux d’argent de la corruption, et demande que les pays soient tenus de publier<br />
des listes des PPE et de divulgation des actifs constituant une condition préalable à l’adhésion<br />
de ces pays au GAFI. Le fait d’exiger ces deux listes permettrait en effet aux banques<br />
d’identifier bien plus facilement les clients qui risquent le plus de leur confier des fonds<br />
acquis de manière corrompue.<br />
4. Assurer une transparence suffisante sur les propriétaires des actifs.<br />
La quatrième faiblesse du GAFI est l’existence de failles au niveau de ses normes, qui font<br />
que le cadre LBC qu’il défend ne suffit pas à réduire les flux d’argent de la corruption.<br />
La principale de ces failles concerne la transparence sur les bénéficiaires effectifs des<br />
entreprises et d’autres dispositifs tels que les trusts auxquels certains recourent pour<br />
dissimuler leur identité et donc leurs fonds. L’identification du bénéficiaire effectif, comme<br />
l’ont montré certaines des études de cas présentées dans ce rapport, se situe au cœur de la<br />
démarche permettant d’identifier les fonds de la corruption, voire du terrorisme. En effet, si<br />
une banque ne sait pas qui contrôle l’entité qui ouvre le compte, c’est qu’elle n’a pas encore<br />
identifié son client. Le GAFI a lui-même identifié les véhicules sociétaires comme posant un<br />
risque clé en matière de blanchiment d’argent. 399<br />
Les Recommandations 33 et 34 du GAFI exigent des pays qu’ils prennent des mesures pour<br />
empêcher l’utilisation illicite de personnes morales (autrement dit d’entreprises), et de<br />
constructions juridiques (autrement dit de trusts), respectivement. Concernant les entreprises,<br />
la Recommandation 33 précise : « Les pays devraient s’assurer que des informations<br />
adéquates, pertinentes et à jour sur les bénéficiaires effectifs et sur le contrôle des personnes<br />
morales peuvent être obtenues ou consultées en temps voulu par les autorités compétentes. »<br />
Pour les trusts, la Recommandation 34 stipule que les pays devraient s’assurer d’avoir « des<br />
informations adéquates, pertinentes et à jour sur les trusts exprès, notamment des informations<br />
sur les personnes ayant constitué ces trusts exprès, les administrateurs et les bénéficiaires ».<br />
Les deux Recommandations soulignent : « Les pays pourraient envisager de prendre des<br />
mesures pour faciliter l’accès aux informations sur les bénéficiaires effectifs et sur le contrôle<br />
des constructions juridiques, nécessaires aux institutions financières. »<br />
Quelles peuvent bien être ces mesures ? La Méthodologie d’évaluation de la conformité aux<br />
recommandations du GAFI suggère divers mécanismes que les pays « pourraient » utiliser<br />
pour « veiller à une transparence adéquate ». Citons notamment :<br />
1. « Un système central d’enregistrement dans lequel un registre national consigne les<br />
précisions nécessaires en matière de propriété et de contrôle sur toutes les sociétés et<br />
autres personnes morales enregistrées dans ce pays [pour la Rec. 33] et sur toutes les<br />
fiducies (à savoir les personnes ayant constitué la fiducie, les administrateurs et<br />
bénéficiaires et les protecteurs) et autres structures juridiques [pour la Rec. 34]<br />
enregistrées dans ce pays. Les informations pertinentes pourraient soit être rendues<br />
publiques soit n’être accessibles qu’aux autorités compétentes. » [mise en évidence<br />
ajoutée]<br />
2. « Imposer aux prestataires de services aux fiducies d’obtenir, de vérifier et de<br />
conserver les pièces relatives aux trusts et aux autres structures juridiques<br />
analogues. »<br />
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