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Sans vigilance - Global Witness

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Mais, comme nous l’avons déjà dit, les autorités angolaises prennent leur part du gâteau.<br />

L’utilisation de la Sonangol comme un instrument de gestion hors budget leur aurait permis<br />

de faire disparaître des milliards de dollars de richesse nationale pétrolière dans les méandres<br />

des finances publiques de l’État. Les prêts consentis à la Sonangol ont également servi à<br />

régler certaines dettes bilatérales contractées par l’État. À cet égard, 800 millions de dollars<br />

auraient été ponctionnés sur le prêt gagé sur le pétrole d’un montant de 2,35 milliards de<br />

dollars mis en place en 2004 par Standard Chartered pour rembourser des créanciers<br />

portugais. 354 Ce prêt a été consenti à une compagnie pétrolière par les services de financement<br />

d’un établissement bancaire commercial. Pourtant, il a été utilisé par l’État pour rembourser<br />

une dette publique. Si le prêt avait été accordé à un État, les banques auraient dû prendre des<br />

mesures de diligence raisonnable à l’égard des systèmes fiscaux de l’Angola. Il est difficile de<br />

dire comment les banques, au vu des préoccupations exprimées par les institutions financières<br />

internationales sur ces systèmes, auraient pu réduire leurs risques. Les prêts gagés sur le<br />

pétrole consentis à la Sonangol permettent cependant au gouvernement angolais de<br />

contourner le problème.<br />

Les banques aussi prennent leur part du gâteau. Elles font des affaires avec la Sonangol<br />

comme s’il s’agissait d’une entreprise commerciale comme une autre. Mais il s’agit en fait<br />

d’une entreprise publique dont les prérogatives empiètent parfois sur celles de son<br />

gouvernement de tutelle opaque. Si les banques ne sont pas prêtes à faire des affaires avec un<br />

État en tant qu’entité souveraine, comme c’était le cas encore récemment pour l’Angola (en<br />

dépit de ses efforts, l’Angola n’est pas parvenue à obtenir une notation de crédit souverain qui<br />

lui permettrait d’avoir accès à du crédit moins cher sur les marchés mondiaux), elles devraient<br />

être réticentes à faire des affaires avec une compagnie pétrolière nationale qui fait office de<br />

système parallèle de gestion financière hors budget national.<br />

Les prêts commerciaux gagés sur le pétrole consentis à la Sonangol ont par conséquent permis<br />

au gouvernement angolais de :<br />

• court-circuiter le système de financement central ;<br />

• mettre en place des systèmes financiers parallèles s’apparentant à des caisses noires<br />

qui ne sont soumis à aucun contrôle public et qui peuvent servir à alimenter la<br />

corruption ;<br />

• utiliser sa compagnie pétrolière nationale pour obtenir des prêts commerciaux auprès<br />

d’établissement privés, et se servir des fonds pour rembourser une partie de la dette<br />

publique, sans aucune transparence ni supervision parlementaire ;<br />

• résister à l’émergence d’un consensus global parmi la société civile, les donateurs et<br />

les investisseurs selon lequel, lorsque les ressources naturelles constituent la<br />

principale source de revenus du gouvernement, une gestion transparente et équitable<br />

de ces ressources est un élément fondamental du développement durable et de la<br />

réduction de la pauvreté. 355 Même si les prêts gagés sur le pétrole ne compromettent<br />

plus aujourd’hui l’action de la communauté internationale visant à forcer l’Angola à<br />

plus de transparence du fait de la mise à disposition d’autres sources de financement,<br />

comme les lignes de crédit chinoises, le problème de l’absence de transparence et de<br />

supervision reste entier sur les prêts, les commissions et l’emploi des fonds.<br />

Il existe également un fossé gigantesque entre, d’un côté, l’enthousiasme manifesté à l’égard<br />

des banques et des banquiers de l’industrie du financement structuré des matières premières<br />

qui sont à l’origine des prêts à la Sonangol (prix du Contrat de l’Année décerné par Trade<br />

Finance en 2004 à Standard Chartered pour son prêt de 2,35 milliards de dollars 356 et celui<br />

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