Sans vigilance - Global Witness
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Le procureur général de Genève, Daniel Zappelli, a suspendu l’enquête en 2004. En 2006, un<br />
groupe de citoyens angolais a demandé la réouverture du dossier. Malgré les pressions<br />
renouvelées de <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> et de groupements de la société civile suisses, les autorités<br />
judiciaires suisses n’ont pas donné suite. 320<br />
Ce système de prêts gagés sur le pétrole était en place depuis 1993-1994. Ainsi, lorsque les<br />
banques font état de la réputation de client sérieux respectant ses engagements de la<br />
Sonangol, elles tiennent compte des nombreuses années durant lesquelles les prêts gagés sur<br />
le pétrole ont servi à graisser des pattes et à acheter des armes.<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong>, dans le rapport déjà cité, Tous les hommes des Présidents, attirait l’attention<br />
sur toute une série de nouveaux prêts gagés sur le pétrole consentis par divers établissements<br />
bancaires commerciaux à la Sonangol durant les années 2000 et 2001. Le montant total<br />
minimum de ces prêts s’élèverait à 1,1 milliard de dollars, montant non seulement largement<br />
supérieur au plafond fixé par le FMI de 269 millions de dollars de crédits pouvant être<br />
accordés aux gouvernements de pays en guerre, 321 mais de nature à fragiliser les efforts de la<br />
communauté internationale pour obtenir des explications sur ce que fait l’Angola de ses<br />
recettes pétrolières.<br />
En 2004, dans son rapport C’est l’heure de la transparence publié deux ans après la fin de la<br />
guerre, <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> révélait comment l’Angola continuait d’emprunter des fonds gagés sur<br />
ces ressources malgré l’opacité la plus totale qui couvre ses recettes pétrolières, faisait état du<br />
détournement de ces recettes sur des comptes en banque offshore et pressentait, « avec grande<br />
inquiétude, que l’élite angolaise passera tout simplement d’un pillage des biens publics en<br />
temps de guerre à un enrichissement en tirant profit de sa reconstruction ». 322<br />
Ce qui apparaissait au début comme une mesure d’urgence prise dans la confusion de la<br />
guerre pour contourner les restrictions imposées par la guerre civile à l’Angola qui ne pouvait<br />
pas se faire prêter de l’argent, était devenue une véritable vache à lait. Avec l’arrivée de la<br />
paix en 2002, personne n’avait semble-t-il l’intention d’y renoncer.<br />
Un présent opaque<br />
Le conflit angolais a peut-être pris fin, mais les prêts continuent. Le problème fondamental<br />
reste le même : celui de la gestion en eaux troubles des recettes pétrolières qui a prospéré à la<br />
faveur de la guerre. Il n’a toujours pas été réglé de manière satisfaisante et les raisons pour<br />
lesquelles l’Angola a toujours recours à de tels mécanismes sont désormais claires.<br />
La mauvaise gestion des finances publiques angolaises et la corruption, notamment dans le<br />
secteur pétrolier, sont des faits bien connus. L’Angola se place en 158 e position sur 180 sur<br />
l’Indice de perception de la corruption de Transparency International. 323 L’OCDE, dans ses<br />
perspectives économiques de 2007, fait état d’un environnement d’affaires se caractérisant par<br />
des « obstacles importants dus à la corruption endémique, à des lois dépassées et à des<br />
comportements de recherche de rente ». 324<br />
Une lecture approfondie des rapports du FMI montre qu’environ 1,7 milliard de dollars (soit<br />
23 % du PIB) manque à chaque budget de l’Angola de 1997 à 2001. 325 D’après le PNUD,<br />
environ 17 % du budget national était réservé toujours en 2005 à un « usage spécial » sans<br />
aucune transparence sur la destination des fonds. 326 En 2007, l’OCDE a indiqué que<br />
« beaucoup restait à faire pour aligner les mesures de politique fiscale sur les priorités<br />
d’éradication de la pauvreté ». 327 Quelques améliorations sont toutefois à noter. En mai 2008,<br />
l’OCDE a relevé « des progrès […] enregistrés ces dernières années en matière de<br />
transparence dans la gestion des recettes pétrolières », tout en ajoutant que « beaucoup reste à<br />
faire ». 328<br />
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