Sans vigilance - Global Witness
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[Nous avons] découvert que le secret bancaire couvre non seulement le blanchiment<br />
d’argent, la fraude fiscale, le trafic de drogue et la corruption, mais également le<br />
terrorisme. Depuis, nous avons limité le recours au secret bancaire pour le terrorisme, et<br />
avons ainsi montré que c’était possible. Mais nous avons choisi de ne pas régler les<br />
problèmes de corruption et de fraude fiscale qui gangrènent les pays en développement<br />
et les privent de tant de ressources dont ils ont besoin.<br />
Joseph Stiglitz, témoignage devant la commission des services financiers de la Chambre des<br />
représentants du Congrès américain, 22 mai 2007 110<br />
Pourtant, malgré les forts soupçons de corruption et en dépit du scandale public de la Riggs<br />
qui aurait dû faire l’effet d’un avertissement en bonne et due forme quant aux risques<br />
auxquels le monde bancaire s’expose en entretenant des relations d’affaires avec l’élite au<br />
pouvoir en Guinée équatoriale, le compte de Teodorin auprès de la Barclays était toujours<br />
actif au mois de novembre 2007. Le compte a été ouvert en septembre 1989, avant la phase de<br />
prospérité pétrolière que connaît aujourd’hui la Guinée équatoriale. Mais quel a donc été le<br />
suivi de la Barclays en matière de diligence raisonnable concernant son client Teodorin<br />
Obiang pendant toutes ces années durant lesquelles l’argent du pétrole a coulé à flots ?<br />
L’effondrement de la Riggs est en grande partie dû aux comptes que le père de Teodorin y<br />
détenait, affaire qui sert aujourd’hui à mettre en garde les banques sur les risques que<br />
présentent les PPE. Sur quels critères la Barclays s’est-elle appuyée pour se convaincre que<br />
ces risques pouvaient être maîtrisés ?<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> et Sherpa ont demandé à la Barclays comment la banque s’était acquittée de<br />
son obligation de diligence raisonnable à l’égard de son client Teodorin Obiang et si elle avait<br />
déposé une ou plusieurs déclarations d’opérations suspectes concernant les transactions<br />
effectuées sur le compte. La Barclays a répondu que les obligations de confidentialité qui lui<br />
incombent à l’égard de ses clients l’empêchaient de « faire des commentaires sur un client ou<br />
une transaction particulière, et notamment, sur les transactions ou les services financiers que<br />
la banque ordonne pour le compte d’une personne physique ou morale ». Toutefois, la banque<br />
a fort heureusement joint à sa réponse ses directives en matière de lutte contre la corruption et<br />
le blanchiment d’argent. 111<br />
La Barclays est membre du groupe de Wolfsberg, lequel a publié des déclarations sur la lutte<br />
contre les abus du système financier en matière de corruption et établi des principes antiblanchiment<br />
dans le cadre des services de gestion de patrimoine. 112 Il est difficile de dire<br />
comment la qualité de membre du groupe de Wolfsberg de la Barclays se concilie avec la<br />
tenue d’un compte au nom de Teodorin Obiang.<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> et Sherpa ont pu consulter le dossier d’enquête de 200 pages de la police<br />
française réalisé à la suite de la plainte des ONG en France. Sa lecture est édifiante. Le<br />
compte auprès de la Barclays n’est qu’un des nombreux comptes bancaires utilisés par<br />
Teodorin pour acquérir sa collection extravagante de voitures de luxe. En juin 1998, il a fait<br />
un chèque tiré sur son compte auprès de la Barclays de 200 000 francs (30 490 euros 113 ) à<br />
valoir sur l’achat d’une Ferrari 550 Maranello. 114<br />
Le solde du paiement de 812 639,87 francs (123 886 euros) a été tiré sur un autre compte<br />
(numéro 00825/00083719) à BNP Paribas. 115<br />
Il disposait également d’un compte au CCF Banque Privée Internationale, devenu HSBC<br />
France en juillet 2000. 116 Teodorin a tiré sur ce compte (numéro 01931200002) un chèque de<br />
1,2 million de francs (182 938 euros) pour l’achat d’une Ferrari 512M le 7 décembre 2000. 117<br />
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