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Sans vigilance - Global Witness

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De facto, une banque entretient des relations de correspondant bancaire avec chacune des<br />

agences qu’elle détient dans d’autres juridictions. 93 La fonction d’un correspondant bancaire<br />

est de tenir un compte pour une autre banque, permettant ainsi à cette dernière de proposer à<br />

ses clients des services dans un pays dans lequel elle n’est pas présente. Une banque ne peut<br />

savoir qui sont tous les clients de son correspondant bancaire, d’où le risque élevé associé aux<br />

relations de correspondant bancaire en termes de blanchiment d’argent. Les réglementations<br />

reconnaissent donc ce qui suit : au titre de la Recommandation 7 du GAFI, les pays se doivent<br />

d’exiger de leurs banques qu’elles rassemblent suffisamment d’informations sur l’institution<br />

cliente afin de bien comprendre la nature de ses activités, et d’évaluer les contrôles qu’elle a<br />

mis en place sur le plan de la lutte contre le blanchiment de capitaux ainsi que la qualité de la<br />

surveillance dont elle fait l’objet. 94<br />

En vertu de la loi américaine, la responsabilité d’une banque américaine est de s’assurer que<br />

ses correspondants bancaires disposent de procédures de diligence raisonnable appropriées. 95<br />

Par conséquent, pour prendre l’exemple des virements effectués à partir du compte équatoguinéen<br />

à la Riggs vers la société Apexside :<br />

• HSBC USA accepte HSBC Luxembourg en tant que client de services de banque<br />

correspondante (« correspondent banking client »).<br />

• HSBC Luxembourg a un client, Apexside, qui éveille aux États-Unis des soupçons<br />

tellement graves quant à l’origine de ses fonds (recettes pétrolières publiques<br />

susceptibles d’avoir été détournées par le Président du pays) et à l’identité de son<br />

bénéficiaire effectif (potentiellement le Président de la Guinée équatoriale) que HSBC<br />

USA serait susceptible de ne pas pouvoir accepter ce client.<br />

• HSBC USA n’est cependant pas en mesure d’obtenir auprès de sa propre agence au<br />

Luxembourg des renseignements sur ce client et sur l’identité du bénéficiaire effectif.<br />

Alors comment HSBC USA peut-elle affirmer connaître son correspondant bancaire HSBC<br />

Luxembourg – qui est de fait un client de services de banque correspondante étant donné que<br />

HSBC USA détient des comptes pour elle – si elle n’a aucun moyen de savoir qui sont les<br />

clients de HSBC Luxembourg ? Et comment peut-elle évaluer l’efficacité des mesures de<br />

diligence raisonnable déployées par HSBC Luxembourg si elle n’est en mesure d’obtenir<br />

aucun renseignement sur les clients qu’elle pourrait décider d’accepter ? Un expert américain<br />

des affaires bancaires a ainsi déclaré à <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> : « Les banques essaient d’exploiter au<br />

maximum les différentes juridictions. Si elles travaillent sur un dossier soumis à des normes<br />

différentes, comment peuvent-elles accepter ces normes tout en affirmant observer ellesmêmes<br />

les normes les plus strictes ? »<br />

<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a écrit à HSBC pour lui demander ce qui permettait à HSBC USA d’affirmer<br />

connaître son client de services de banque correspondante HSBC Luxembourg, alors qu’en<br />

vertu des lois sur le secret bancaire qui empêchent le partage de l’information, elle n’a aucun<br />

moyen de savoir qui sont les clients de HSBC Luxembourg.<br />

HSBC ne s’est pas exprimée sur ce point, déclarant seulement : « Nous avons [...] pleinement<br />

coopéré avec le Sous-comité pertinent du Sénat. Cette coopération comprenait la mise à<br />

disposition à celui-ci de renseignements sur la méthode par laquelle nous déposons des<br />

demandes d’informations transfrontalières relatives aux comptes non américains. Il s’agit là<br />

d’un principe commun des relations bancaires à travers le monde, à savoir que les banques<br />

sont soumises à de stricts devoirs en matière de confidentialité et qu’elles ne peuvent fournir<br />

des informations à des tiers qu’avec l’autorisation du client et à l’issue d’une demande<br />

formelle émanant d’autorités compétentes sur le plan juridique ». 96 Une question équivalente<br />

a été posée à Banco Santander, qui n’a pas répondu. 97 Les normes prescrites par le groupe de<br />

Wolfsberg, un regroupement volontaire de onze banques qui établit des normes applicables à<br />

la diligence raisonnable à l’égard de la clientèle, et présidé à l’heure actuelle par HSBC, ne<br />

précisent rien à cet égard.<br />

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