Sans vigilance - Global Witness
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connaissent pas suffisamment bien leur système. En étant vulnérables à un type d’argent<br />
« perturbateur », nous nous rendons forcément vulnérables à un autre.<br />
A. Les trois principes clés<br />
1. Les banques doivent modifier leur culture de la diligence raisonnable en matière de<br />
connaissance de leur clientèle, et ne pas se contenter de trouver le minimum<br />
d’informations nécessaire pour se conformer à la loi et ainsi pouvoir cocher une case sur<br />
un formulaire.<br />
Les banques devraient adopter des normes leur empêchant d’accepter une entité en tant que<br />
client si elles ne peuvent pas identifier le bénéficiaire effectif des fonds, ou le fiduciant et<br />
bénéficiaire si le client est un trust, et si elles ne peuvent pas identifier une personne physique<br />
(et non pas une entité juridique) ne posant aucun risque de corruption. Elles devraient adopter<br />
ces normes même si leur juridiction ne les y contraint pas.<br />
Bien que les discussions internationales sur la corruption aient brassé beaucoup de vent dans<br />
le but de définir ce qui constitue une PPE, différentes définitions restent usitées. Mais ce<br />
débat nous détourne d’un aspect essentiel : les réglementations qui exigent des banques<br />
qu’elles identifient les PPE ne servent à rien si les banques sont en fait dans l’incapacité<br />
d’identifier leur client. <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a assisté à de grandes conférences internationales sur<br />
la lutte contre le blanchiment, au cours desquelles le débat dépasse rarement la question de la<br />
définition des PPE, ignorant l’élément clé : si l’on ne sait pas qui est son client parce qu’il se<br />
trouve au sommet d’une structure de propriété complexe dans une juridiction opaque,<br />
comment peut-on savoir s’il s’agit d’une PPE ? Ou, pourquoi pas, d’un terroriste ?<br />
Nombre des affaires décrites dans ce rapport ne concernent pas les individus susceptibles de<br />
se situer en marge du statut certes vague de PPE ; il s’agit en effet de chefs d’État ou de<br />
membres de leur famille immédiate issus de pays où la corruption est indéniable. Et malgré<br />
cela, ces individus ont été habilités à ouvrir des comptes, en leur propre nom ou au nom de<br />
sociétés derrière lesquelles ils s’abritent.<br />
2. La réglementation doit contraindre les banques à prendre des mesures de diligence<br />
raisonnable à l’égard de leur clientèle pour que, si elles ne peuvent ni identifier le<br />
bénéficiaire effectif des fonds, ou le constituant et bénéficiaire dans le cas d’un trust, ni<br />
une personne physique (à opposer à une personne morale) ne posant aucun risque de<br />
corruption, elles ne puissent accepter ce nouveau client.<br />
Les lois anti-blanchiment des capitaux doivent être absolument explicites et homogènes d’une<br />
juridiction à une autre, en exigeant des banques qu’elles identifient la personne physique qui<br />
se trouve derrière les fonds, qu’elles se renseignent sur la source des fonds et qu’elles refusent<br />
d’accepter le client s’il présente un risque de corruption. Les régulateurs doivent veiller à<br />
l’application de ces lois, et jouent un rôle primordial à cet égard ; ils devraient par ailleurs<br />
considérer la prévention des flux d’argent de la corruption comme une priorité.<br />
C’est bien là que se situe le scandale, en plein cœur du système, car l’identification des clients<br />
est un point clé des lois anti-blanchiment des capitaux depuis leur adoption dans les<br />
années 1980. Or plusieurs incohérences et le manque de clarté de nombreuses juridictions<br />
quant aux devoirs des banques dans la pratique font qu’il existe encore trop de failles<br />
juridiques pouvant être exploitées. Sur les 24 membres du GAFI étudiés dans le cadre de la<br />
dernière série d’évaluations du GAFI, aucun ne se conformait entièrement à la<br />
Recommandation 5, qui exige des pays qu’ils se dotent de lois obligeant les banques à<br />
identifier leur client.<br />
De nombreuses juridictions secrètes abritent dans un seul immeuble de bureaux des milliers<br />
de sociétés, dont l’immatriculation ne repose que sur des documents juridiques établis dans le<br />
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