Sans vigilance - Global Witness
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Il est intéressant de noter que les fonds ne peuvent être utilisés à des fins militaires, raison<br />
précise pour laquelle certains prêts gagés sur le pétrole ont été conclus pendant la guerre. Il<br />
est également intéressant de constater que le détournement des fonds aurait été constitutif<br />
d’un manquement au titre du contrat de prêt. La question qui se pose est donc celle des<br />
contrôles effectués sur l’utilisation des fonds prêtés pour constater de tels détournements. Si la<br />
lettre de WestLB évoque bien les « nombreuses mesures de diligence raisonnable prises avant<br />
d’entrer en relations d’affaires avec un client » et précise que « nos vérifications ne faisaient<br />
état d’aucun incident nous interdisant de poursuivre une relation d’affaires existante », la<br />
banque ne répond pas à la question précise posée par <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> : « Quels contrôles ont<br />
été effectués par WestLB sur l’utilisation des fonds prêtés à la Sonangol ? » Les autres<br />
banques n’ont pas non plus répondu à cette question.<br />
Il est donc difficile de savoir si les banques se donnent la peine de constater d’éventuels<br />
détournements de fonds. Les normes réglementaires, comme le souligne WestLB, imposent<br />
aux établissements bancaires de connaître leur client et leur entreprise dès le début de la<br />
relation et non une fois que les fonds ont été débloqués. Toutefois, il ne semble pas qu’il soit<br />
dans l’intérêt des banques, sauf à respecter une obligation réglementaire, de trop se renseigner<br />
sur l’utilisation des fonds prêtés, car elles compromettraient ainsi leurs propres profits.<br />
On ne saurait donc dire quels sont les effets en pratique de ces mesures de diligence<br />
raisonnable sur les prêts gagés sur le pétrole à l’Angola. Quels ont été les effets des mesures<br />
de diligence raisonnable sur le prêt de 1,5 milliard de dollars censé rembourser une créance du<br />
gouvernement russe, somme sur laquelle seulement 162 millions de dollars ont été reversés au<br />
ministère russe des Finances sur fond de pots-de-vin énormes remis aux dignitaires angolais ?<br />
(Voir Prêts gagés sur le pétrole – une sale histoire, à la page 80.)<br />
Quelle est en fait la portée exacte des « procédures rigoureuses de risque et de<br />
conformité » auxquelles tant de banques font référence ? Aucune des banques n’a répondu de<br />
manière précise aux questions cruciales concernant les informations précises qu’elles<br />
cherchent à obtenir sur leurs clients et sur l’utilisation des fonds prêtés, sur la manière dont<br />
elles concilient leurs relations avec la Sonangol avec les craintes exprimées à plusieurs<br />
reprises par des institutions financières internationales sur les conflits d’intérêts et le rôle<br />
parallèle de la Sonangol dans la gestion des finances publiques de l’Angola, ni sur la manière<br />
dont elles évaluent le risque général, le risque crédit et le risque réputation de l’Angola, alors<br />
que les recettes pétrolières représentent la quasi-totalité des recettes de ce pays et que de<br />
nombreux soupçons pèsent sur l’utilisation des recettes pétrolières.<br />
Au lieu de cela, les banques qui nous ont répondu, ou les représentants de Standard Chartered<br />
que nous avons rencontrés, nous ont expliqué avoir mis en place des procédures qui<br />
permettent de contrôler les risques associés à la réalisation d’affaires avec l’Angola. Sousentendu,<br />
« faites-nous confiance, nous avons des procédures en place ». Mais la crise bancaire<br />
mondiale qui, précisément, a révélé l’insuffisance des systèmes de contrôle bancaire quant à<br />
l’ampleur des encours des banques, prouve la vacuité d’un tel discours.<br />
Il n’existe aucune information dans le domaine public sur les garanties précises que les<br />
banques exigent de leurs clients qui sont, en l’occurrence, des entreprises publiques à la<br />
recherche de financements. Si la ligne de démarcation entre la Sonangol et le gouvernement<br />
central n’est pas suffisamment claire, ce que dénoncent la Banque mondiale et le FMI,<br />
comment une banque peut-elle affirmer savoir avec précision qui est le destinataire des fonds<br />
et comment l’utilisation de ces fonds sera encadrée ?<br />
Bien entendu, une banque est une entreprise commerciale. Sa principale motivation est de<br />
récupérer sa mise en percevant au passage des intérêts et des commissions. À cet égard, la<br />
Sonangol, qui détient la deuxième réserve de pétrole la plus importante d’Afrique,<br />
convenablement située au large des côtes ce qui la préserve de toute instabilité politique, peut<br />
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