Sans vigilance - Global Witness
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• En décembre 2000, un Groupe d’experts de l’ONU avait mis en évidence le rôle actif joué<br />
par le secteur du bois libérien dans les livraisons d’armes qui alimentaient la guerre civile<br />
en Sierra Leone, et désigné l’Oriental Timber Company comme étant impliquée dans ces<br />
échanges. 239<br />
• En mars 2001, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait imposé au Libéria un<br />
embargo sur les armes, ainsi que des sanctions sur la vente de diamants bruts en<br />
provenance du Libéria. 240<br />
• De juin 2001 à décembre 2008, Gus Kouwenhoven, le patron de l’OTC, figurait sur la<br />
liste des personnes visées par l’interdiction de voyager des Nations Unies. 241<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a écrit à Fortis pour lui demander quelles mesures de diligence raisonnable<br />
elle avait prises à l’égard de son client Natura Holdings Pte et de l’origine de ses revenus, et si<br />
elle avait déposé des déclarations d’opérations suspectes ayant trait au compte. Fortis a<br />
répondu ne pas être en mesure de s’exprimer « du fait des règles strictes que nous nous<br />
devons d’appliquer en matière de confidentialité des clients, et plus spécifiquement des règles<br />
auxquelles nous sommes assujettis au regard de la législation singapourienne ». 242<br />
Mais même si Fortis a bel et bien identifié son client et la source de ses revenus, il n’y avait<br />
rien pour la contraindre (et c’est toujours le cas aujourd’hui) à refuser des fonds issus de la<br />
vente de ressources naturelles alimentant le conflit.<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé à l’OCC, le régulateur de Citibank aux États-Unis, et à l’Autorité<br />
monétaire de Singapour, qui régule l’agence de Fortis à Singapour, si ces comptes ou<br />
transactions avaient éveillé leur attention, et si des mesures avaient été prises. L’OCC a<br />
répondu ne pas être en mesure d’émettre de commentaires sur la portée, la connaissance ou<br />
l’étendue de ses activités confidentielles de surveillance, ajoutant toutefois qu’il passerait en<br />
revue les informations concernant les transactions de l’OTC à Citibank et les transmettrait « à<br />
l’Examinateur en charge de Citibank en vue d’une surveillance éventuelle ». 243<br />
L’Autorité monétaire de Singapour a souligné avoir gelé les actifs de Taylor en 2004, dans le<br />
cadre de ses responsabilités de surveillance, commentant : « Lorsque les premières allégations<br />
ont été faites contre une entreprise de Singapour, Borneo Jaya Pte Ltd 244 , qui semblait<br />
entretenir des relations avec une société libérienne sanctionnée, l’Oriental Trading Company,<br />
le ministère des Affaires étrangères de Singapour a demandé à la fois au Groupe d’experts de<br />
l’UNSC dédié au Comité de sanctions imposées au Libéria et au Comité de sanctions à<br />
proprement parler des renseignements plus spécifiques qui permettraient à Singapour<br />
d’enquêter correctement sur cette question. Malheureusement, nous n’avons pas reçu de<br />
renseignements spécifiques qui nous auraient permis d’enquêter plus avant sur ce point ». 245<br />
Que s’est-il passé ensuite ?<br />
Depuis, la validité des préoccupations de <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> concernant Charles Taylor et<br />
l’utilisation qu’il a faite du bois libérien a été confirmée.<br />
• Charles Taylor comparaît actuellement pour crimes de guerre devant le Tribunal spécial<br />
pour la Sierra Leone à La Haye.<br />
• Des sanctions visant le bois d’œuvre libérien ont finalement été imposées en juillet 2003<br />
– au bout de plusieurs années d’opposition de la France et de la Chine, deux gros<br />
importateurs de grumes libériennes. 246 Les sanctions ont été levées en juin 2006, malgré<br />
l’inquiétude manifestée par <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> et d’autres experts concernant l’insuffisance<br />
des garanties visant à empêcher les pratiques sylvicoles prédatrices. 247<br />
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