Sans vigilance - Global Witness
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Résumé<br />
Quel est le problème ?<br />
Le monde entier s’est rendu compte en 2008 et 2009 que ce sont les défaillances des banques<br />
et des gouvernements qui les régulent qui ont plongé l’économie mondiale dans la crise la<br />
plus grave qui soit depuis des décennies, d’où la colère tout à fait compréhensible des<br />
habitants des nations les plus riches de la planète face à la hausse du chômage et à la<br />
recrudescence des saisies immobilières.<br />
Ce que l’on sait en revanche moins, c’est que depuis bien plus longtemps, les défaillances des<br />
banques et des gouvernements qui les régulent portent atteinte d’une manière inouïe aux<br />
économies de certains des pays les plus pauvres du monde.<br />
En concluant des affaires avec des clients peu recommandables issus de pays corrompus et<br />
riches en ressources naturelles, les banques facilitent la corruption et le pillage de l’État,<br />
d’une part, et, d’autre part, placent ces pays dans l’incapacité de se sortir de la pauvreté et les<br />
rendent dépendants de l’aide internationale.<br />
Ce phénomène se produit malgré tout un arsenal de mesures anti-blanchiment visant à<br />
contraindre ces banques à prendre des mesures de diligence raisonnable en vue d’identifier<br />
leur client et à refuser les fonds qui auraient été acquis de manière illicite. Mais les lois en<br />
vigueur ne stipulent pas clairement jusqu’où les banques doivent aller pour identifier la<br />
personne qui se cache réellement derrière une pléthore de sociétés et de trusts de façade. Elles<br />
n’indiquent pas non plus de manière explicite ce que doivent faire les banques face aux<br />
revenus issus des ressources naturelles pouvant alimenter la corruption. Et si une banque<br />
transmet une déclaration concernant un client douteux, comme l’exige la loi, mais que les<br />
autorités permettent ensuite la réalisation de la transaction, la banque peut accepter de l’argent<br />
sale en toute légalité. Une banque peut donc respecter à la lettre ses obligations légales, tout<br />
en entretenant des relations d’affaires avec des clients peu recommandables.<br />
En ayant des relations d’affaires avec ces clients, les banques prêtent (directement ou<br />
indirectement) leur concours au pillage de biens publics pour s’enrichir ou mettre à mal leur<br />
propre population. La corruption n’est pas le seul fait d’un dictateur, maître des revenus des<br />
ressources naturelles de son pays. Un dictateur a besoin d’une banque prête à recevoir ou à<br />
gérer cet argent. Il faut être deux pour danser le tango.<br />
Ce rapport présente une série d’études de cas relatives à des clients bancaires en Guinée<br />
équatoriale, en République du Congo, au Gabon, au Libéria, en Angola et au Turkménistan.<br />
Là, quelques individus sans scrupule se sont accaparés la richesse en ressources naturelles de<br />
leur pays, que ce soit à des fins d’enrichissement personnel, pour entretenir un culte de la<br />
personnalité autocratique transgressant les droits de l’homme ou pour financer des guerres<br />
dévastatrices.<br />
Parmi les banques qui entretiennent des relations d’affaires avec ces clients figurent la<br />
Barclays, Citibank, la Deutsche Bank et HSBC. La quasi-totalité des banques citées dans le<br />
présent rapport sont de grandes banques internationales, qui proclament toutes haut et fort leur<br />
engagement envers la responsabilité sociale. Or il existe un fossé inouï entre la rhétorique et<br />
la réalité. Leurs clients sont des chefs d’État ou des membres de leurs familles, des entreprises<br />
publiques utilisées par leur gouvernement de tutelle comme des mécanismes de financement<br />
hors budget national, des banques centrales sous la mainmise d’un seul homme et des sociétés<br />
qui exportent des ressources naturelles depuis des zones de conflit. Les banques auraient sans<br />
aucun doute dû beaucoup hésiter à avoir des relations d’affaires avec n’importe lequel d’entre<br />
eux.<br />
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