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Sans vigilance - Global Witness

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égulation effective et envisager d’accréditer des évaluateurs indépendants à même de<br />

jauger la qualité des informations relatives aux PPE de certains pays.<br />

Il n’existe à l’heure actuelle aucune liste des PPE faisant autorité. Les banques doivent donc<br />

s’en remettre à une ribambelle de services commerciaux spécialisés dans la recherche et la<br />

fourniture de listes sur les PPE et leurs associés ainsi que d’informations sur les relations<br />

d’affaires, les procès, les allégations de corruption et les apparitions dans la presse. Les<br />

banques consultent ensuite ces bases de données pour vérifier si leurs clients potentiels et<br />

existants y figurent. Une enquête de KPMG portant sur les procédures de lutte contre le<br />

blanchiment en vigueur dans les établissements bancaires a révélé que les banques d’Europe<br />

et d’Amérique du Nord avaient de fortes chances de se fier entièrement aux listes<br />

commerciales qu’elles avaient achetées. 404<br />

Le travail de ces prestataires, qui affichent d’ailleurs un excellent chiffre d’affaires, permet<br />

aux banques d’affirmer s’être acquittées de leur devoir de diligence raisonnable. On est<br />

toutefois en droit de se demander si leurs bases de données contiennent assez d’informations<br />

pertinentes ; certains experts du blanchiment des capitaux affirment ainsi qu’aucune ne<br />

regroupe à elle seule suffisamment d’informations. Chaque prestataire de bases de données<br />

auquel s’est adressée <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> affirme que la sienne est la seule qui fournisse des<br />

renseignements utilisables au lieu de simples données brutes. Mais rien n’incite réellement les<br />

prestataires privés de bases de données à s’assurer qu’ils disposent de renseignements<br />

suffisants. Ce faisant, des travaux de recherche préliminaires, qui n’ont pas encore été publiés<br />

mais que <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a pu consulter, consacrés à certaines des bases de données sur les<br />

PPE les plus utilisées, montrent que de très nombreuses personnalités politiquement exposées<br />

en sont absentes.<br />

6. Chaque juridiction devrait être tenue de maintenir à jour une base de données<br />

publique recensant les déclarations des revenus et des actifs de son chef d’État et de ses<br />

hauts fonctionnaires (autrement dit les individus qui constituent des personnes<br />

politiquement exposées) afin d’aider les banques à identifier les produits de la<br />

corruption.<br />

La Convention des Nations Unies contre la corruption demande instamment aux États Parties<br />

d’« envisager » de mettre en place une telle démarche dans le cadre de son chapitre consacré<br />

au Recouvrement d’avoirs. Elle estime qu’une base de données de cet ordre serait utile pour<br />

enquêter, réclamer et recouvrer les produits de la corruption. Cependant, si le GAFI exigeait<br />

de chaque juridiction qu’elle applique l’obligation de divulgation des revenus et des actifs de<br />

son chef d’État et de ses hauts fonctionnaires, et demandait aux banques de s’y référer<br />

lorsqu’elles évaluent les comptes de PPE, les fonds détournés par des PPE ne pourraient plus<br />

rentrer dans le système financier. Il serait bien plus simple d’employer cette démarche plutôt<br />

que de tenter de recourir à des procédures de recouvrement d’avoirs permettant une restitution<br />

après coup, comme le savent trop bien les Nigérians, qui se sont donné tant de mal pour<br />

essayer de récupérer auprès des banques britanniques les fonds pillés par Sani Abacha. Une<br />

enquête réalisée parmi les 148 pays pouvant prétendre à recevoir le soutien de la Banque<br />

mondiale a démontré que dans 104 pays, les hauts fonctionnaires se doivent de divulguer<br />

leurs revenus et leurs actifs, sous une forme ou une autre. Parmi ceux-ci, 71 exigent de leurs<br />

fonctionnaires qu’ils déclarent leurs actifs seulement à un organe anti-corruption ou à une<br />

autre entité du gouvernement ; les 33 autres imposent également la publication de ces<br />

déclarations. 405<br />

7. La réglementation devrait obliger les banques à répondre aux demandes<br />

d’informations que leur adressent d’autres banques ou leurs propres agences à<br />

l’étranger qui sont soumises à la surveillance du régulateur d’un pays largement<br />

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