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Sans vigilance - Global Witness

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En 1999, la banque américaine Citibank a fermé à New York tous les comptes qu’elle tenait<br />

au nom du Président Bongo à la suite d’un rapport d’enquête du Sénat américain. Les<br />

rapporteurs du Sénat se sont servis du cas concret de la banque pour illustrer leurs craintes sur<br />

les risques que des services de gestion de patrimoine servent à blanchir de l’argent sale. Le<br />

dossier de police français indique pourtant que le Président Bongo détenait en octobre 2007<br />

au moins six comptes à la BNP Paribas de Paris et quatre autres comptes au Crédit Lyonnais,<br />

deux à Paris et deux à Nice. Les comptes Crédit Lyonnais et deux des quatre comptes BNP<br />

Paribas ont été ouverts avant l’enquête du Sénat américain. Mais les quatre comptes BNP<br />

Paribas l’ont été après, deux en 2001 et deux en 2006. 126<br />

Encadré n° 4 : Les comptes d’Omar Bongo à Citibank<br />

En 1999, le Sous-comité permanent d’enquête du Sénat américain a provoqué l’embarras de<br />

Citibank à New York à la suite de la publication d’un rapport présenté en audience publique.<br />

Portant sur les services de gestion de patrimoine et les risques de blanchiment d’argent, le<br />

rapport illustrait ses conclusions à travers l’exemple des comptes tenus par Citibank pour des<br />

clients très en vue, parmi lesquels le Président Bongo du Gabon. 127<br />

Entre 1985 et 1999, plus de 130 millions de dollars ont transité sur les comptes bancaires<br />

privés d’Omar Bongo, ainsi que des dizaines de millions de dollars supplémentaires sous la<br />

forme de prêts garantis par ces dépôts. 128<br />

Les rapporteurs du Sénat ont clairement indiqué qu’ils se montraient avant tout préoccupés<br />

par le fait que la banque ne voyait apparemment aucune objection à ce que des fonds publics<br />

puissent se retrouver légitimement sur les comptes privés du Président.<br />

À l’origine, le dossier client de Citibank sur l’origine de la fortune d’Omar Bongo se<br />

contentait d’indiquer que le pays était un producteur de pétrole et que le Président avait des<br />

intérêts pétroliers. Invitée par le régulateur à fournir des explications, Citibank a alors dit<br />

qu’elle croyait savoir que 111 millions de dollars ou 8,5 % du budget du gouvernement<br />

gabonais était mis à la disposition du Président, qui pouvait utiliser ces fonds comme bon lui<br />

semblait. 129 Comme le fait remarquer le Sous-comité, « en clair, [...] la banque privée<br />

considérait les fonds du gouvernement du Gabon comme la principale source des fonds<br />

déposés sur les comptes Bongo ». 130 Les experts du Fonds monétaire international et de la<br />

Banque mondiale ont toutefois rejeté l’idée que le Président aurait pu recevoir 111 millions de<br />

dollars pour son usage personnel. 131<br />

Le rapport du Sénat indiquait également que l’OCC, en sa qualité de régulateur, n’avait pas<br />

demandé à la banque de fournir des explications sur l’origine des fonds alimentant les<br />

comptes (fonds publics et recettes pétrolières) et avait donné son accord à la gestion de ces<br />

comptes par la banque. 132<br />

Les comptes ont été fermés en 1999. La direction de Citibank a toutefois précisé au Souscomité<br />

que cette décision avait été prise en raison des dépenses que l’enquête engendrait pour<br />

la banque et non en raison de quelconques motifs de préoccupation sur l’origine des fonds ou<br />

la réputation de la banque. 133<br />

Il semble que les fonds publics gabonais servent encore à financer des achats privés. Selon le<br />

même rapport de police établi à la suite de la plainte des ONG françaises, l’épouse du<br />

Président Bongo, qui ne fait pas partie du gouvernement, a acheté une voiture de luxe<br />

Maybach dont le montant de 326 000 euros a été entièrement réglé par le Trésor gabonais. 134<br />

Pendant ce temps, les militants anti-corruption gabonais subissent le harcèlement de la police<br />

et sont arrêtés pour des infractions inventées de toutes pièces. 135<br />

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