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Sans vigilance - Global Witness

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ureau d’un avocat ou d’un prestataire de services aux entreprises. Il devrait incomber aux<br />

banques de démontrer qu’elles se sont renseignées pour savoir si la société qui souhaitait<br />

ouvrir un compte chez elles mène effectivement des activités légitimes, et n’a pas juste été<br />

montée pour déplacer des capitaux.<br />

Comme l’a indiqué le chapitre 2, la culture de la conformité a trop souvent pour seul point de<br />

mire le risque de réputation plutôt que le souci de refuser comme client des personnalités<br />

corrompues. C’est le constat qu’a dressé en 2006 l’autorité britannique de régulation bancaire<br />

et financière, la Financial Services Authority, au terme d’une enquête sur les procédures<br />

internes des banques qui régissent les PPE. L’étude a montré que la crainte d’un scandale<br />

public pouvant nuire à l’image des banques préoccupait davantage celles-ci que l’éventuelle<br />

malhonnêteté de l’un de leurs clients (voir page 12). Il incombe donc aux régulateurs de<br />

s’assurer que les banques modifient leur culture de la conformité de telle sorte qu’elle leur<br />

serve à éviter d’accepter les fonds de la corruption plutôt que d’éviter un scandale public.<br />

S’il est important que les banques développent leurs propres politiques de connaissance de<br />

leur clientèle, conformément à la recommandation précédente, il serait vain de laisser aux<br />

banques le soin de s’y atteler seules, sans aucune surveillance, car refuser des fonds de la<br />

corruption signifie forcément décliner des affaires potentielles, ce que toutes les banques ne<br />

sont pas disposées à faire. La crise des subprimes et le resserrement du crédit qui s’en est<br />

suivi ont indiqué, entre autres, que le fait de donner aux banques la possibilité de<br />

s’autoréguler ne fonctionnait pas. Elles affirment sans cesse employer les individus les plus<br />

futés au monde et donc savoir gérer leurs propres risques. Mais si, comme elles nous l’ont<br />

montré, elles n’arrivent pas à s’atteler en toute sécurité à la tâche la plus importante pour<br />

elles, à savoir la réalisation de bénéfices, on ne peut bien sûr pas s’attendre à ce qu’elles<br />

s’autorégulent lorsqu’il s’agit de questions d’ordre éthique.<br />

3. La coordination internationale en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux<br />

doit être améliorée à travers une consolidation des rouages du Groupe d’action<br />

financière (GAFI). Les gouvernements qui participent au GAFI devraient :<br />

a) Créer un groupe de travail dédié spécifiquement à la lutte contre les produits de la<br />

corruption, notamment au rôle prédominant des ressources naturelles dans les flux<br />

d’argent de la corruption. Des experts externes, dont des agents chargés de<br />

l’application des lois déjà actifs dans le domaine de la lutte contre la corruption et le<br />

blanchiment d’argent, devraient y être conviés.<br />

b) Dresser pour le GAFI une nouvelle liste de type « naming and shaming » faisant<br />

ressortir les pays – y compris ses propres membres – qui ne mettent pas en œuvre<br />

leurs réglementations, plutôt que l’existence d’un cadre juridique. La première<br />

version, à savoir la liste des Pays et Territoires non coopératifs, a permis de doter de<br />

nombreuses juridictions de réglementations anti-blanchiment qui n’en disposaient pas<br />

auparavant. Il s’agit maintenant de s’assurer de leur mise en œuvre.<br />

c) Publier une liste clairement accessible indiquant le degré de conformité de chaque<br />

pays par rapport à chaque recommandation du GAFI, et la date limite à laquelle le<br />

pays devra s’y conformer, pour mieux répondre aux demandes pressantes de mise en<br />

conformité émanant du public.<br />

d) Modifier la culture du GAFI pour qu’elle reconnaisse l’impact plus vaste de ses<br />

travaux sur le développement, en invitant des représentants de ministères du<br />

Développement et des Finances, ainsi qu’en consolidant les liens avec les autres<br />

acteurs et organisations qui œuvrent sur des questions liées à la lutte contre la<br />

corruption, y compris des représentants de gouvernements qui travaillent sur la<br />

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