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Sans vigilance - Global Witness

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énéficiaire effectif réel, telle que l’exige la loi, peut être difficile [...] il s’agit là d’un facteur<br />

de risque important [...] et d’une menace pour la réputation du Luxembourg ». Ont également<br />

été signalés des risques permanents associés aux mesures de diligence raisonnable à l’égard<br />

de la clientèle au niveau des comptes ouverts par « des avocats, des notaires, des comptables,<br />

des commissaires aux comptes et d’autres professionnels de cet ordre… étant donné<br />

l’envergure et l’importance des relations d’affaires nouées au Luxembourg par l’intermédiaire<br />

de ces professionnels… ». 88<br />

Certaines questions restent donc en suspens concernant les normes de diligence raisonnable à<br />

l’égard de la clientèle appliquées en Espagne et au Luxembourg. Mais le problème ne se situe<br />

pas à ce seul niveau. En effet, l’impact du secret bancaire en vigueur dans ces juridictions est<br />

encore plus troublant.<br />

Une fois que l’enquête du Sénat avait démarré, la Riggs a écrit à Banco Santander et à HSBC<br />

USA, au titre de l’article 314 du Patriot Act, pour leur demander de partager des informations<br />

sur les bénéficiaires effectifs de ces comptes. 89 Mais les deux banques ont affirmé ne pas être<br />

en mesure de fournir ces informations, les comptes ayant été ouverts dans des agences en<br />

Espagne, pour Banco Santander, et au Luxembourg et à Chypre, pour HSBC. Les lois du<br />

secret bancaire en vigueur dans ces juridictions, ont précisé les deux banques, empêchaient la<br />

divulgation d’informations non seulement à des tiers, mais également au personnel de la<br />

même banque si celui-ci se trouvait dans un autre pays. 90<br />

Par conséquent, les banques qui ont reçu des virements identifiés comme étant suspects dans<br />

une autre juridiction peuvent être protégés par les lois du secret bancaire et refuser d’identifier<br />

les propriétaires des comptes, même si leurs propres agences basées à l’étranger le leur<br />

demandent. Cette situation paraît tout à fait inouïe.<br />

Il est de plus en plus facile de déplacer rapidement des capitaux, mais les autorités<br />

chargées de la perception fiscale et de l’application des lois n’arrivent pas à suivre ce<br />

rythme. Les régulateurs sont un peu comme des policiers à bicyclette qui essaieraient<br />

d’arrêter des Ferrari sur une autoroute sans limitation de vitesse.<br />

Jack Blum, avocat et expert de la lutte contre le blanchiment des capitaux, témoignage<br />

devant le Comité du Sénat dédié aux questions financières, 24 juillet 2008 91 .<br />

Ces lois du secret bancaire ne font pas qu’empêcher de retrouver la trace des virements déjà<br />

effectués. Comme l’ont dit les enquêteurs du Sénat, « la position adoptée par Banco Santander<br />

et HSBC USA fait qu’en réalité, les banques américaines qui tentent de soumettre les<br />

virements importants à des mesures de diligence raisonnable pour empêcher un blanchiment<br />

de ces capitaux ne sont pas en mesure de demander des renseignements sur les comptes à<br />

leurs propres agences basées à l’étranger. Cette interdiction de divulgation au-delà des<br />

frontières nationales, même au sein d’une même institution financière, gêne considérablement<br />

les efforts de lutte contre le blanchiment de l’argent aux États-Unis ». 92<br />

Ce point soulève une question troublante, qui concerne les efforts de lutte contre le<br />

blanchiment de l’argent non seulement aux États-Unis, mais aussi à l’échelle mondiale :<br />

comment les banques peuvent-elles affirmer mettre en œuvre des mesures de diligence<br />

raisonnable, conformément aux lois anti-blanchiment, alors que leurs agences opèrent dans<br />

des juridictions secrètes extraterritoriales ?<br />

Cela signifie non seulement qu’elles ne peuvent connaître l’identité des titulaires de comptes<br />

tenus dans des juridictions vers lesquelles on peut leur demander d’effectuer des virements,<br />

comme l’indiquent les enquêteurs du Sénat ci-dessus, mais également qu’elles ne peuvent<br />

s’assurer que leurs agences étrangères opèrent conformément à des normes suffisantes.<br />

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