Sans vigilance - Global Witness
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• Le 7 mars 2003, le Tribunal spécial pour la Sierra Leone a demandé à tous les États de<br />
localiser et de geler tous les comptes en banque liés à Taylor et à d’autres entités faisant<br />
l’objet d’enquêtes pour crimes de guerre en Sierra Leone. 248<br />
• En mars 2004, l’ONU a demandé à tous les États de geler les actifs de Charles Taylor, des<br />
membres de sa famille et de ses associés, ainsi que d’autres individus associés à son<br />
régime, dont des trafiquants d’armes présumés. Aux États-Unis, ce gel a été appliqué en<br />
vertu du décret présidentiel 13348 du 22 juillet 2004. 249 <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a demandé à<br />
Citibank si, en plus de vérifier les comptes qu’elle tenait pour ces individus, elle passait<br />
alors au crible les comptes tenus au titre de services de banque correspondante auprès de<br />
banques libériennes, ce afin de garantir que les individus figurant sur la liste des<br />
personnes dont les actifs financiers étaient gelés ne puissent pas accéder directement au<br />
système financier mondial. Citibank n’a pas souhaité répondre. 250<br />
• Un examen des concessions forestières libériennes effectué en 2005 par plusieurs parties<br />
prenantes (dont la conclusion était d’ailleurs qu’aucune des concessions ne se conformait<br />
aux exigences juridiques minimales) a révélé qu’après l’arrivée de Taylor au pouvoir à la<br />
fin des années 1990, moins de 14 % de l’ensemble des taxes forestières évaluées avaient<br />
été reversées sur des comptes du gouvernement et servi à financer des services publics ou<br />
le développement. 251<br />
À l’issue de certaines de ces révélations, Guus Kouwenhoven, le président de l’OTC, a été<br />
poursuivi en justice aux Pays-Bas pour crimes de guerre et violation d’un embargo sur les<br />
armes imposé par les Nations Unies. Il a d’abord été déclaré coupable au procès, en juin 2006,<br />
d’avoir violé l’embargo sur les armes imposé au Libéria par les Nations Unies ; 252 cette<br />
condamnation a cependant été infirmée en appel en mars 2008 en raison de témoignages<br />
contradictoires. 253<br />
En 2004, Citibank a annoncé le lancement d’une initiative de lutte contre l’exploitation<br />
forestière illégale, par laquelle elle exigeait, d’une part, que les compagnies forestières<br />
souhaitant obtenir un crédit présentent des doléances concernant leur conformité aux lois<br />
forestières, et d’autre part, que les banquiers chargés de la gestion des relations avec les<br />
compagnies impliquées dans l’exploitation forestière procèdent chaque année à une analyse<br />
des risques. 254<br />
Au regard du Patriot Act américain, qui a tardivement reconnu les risques inhérents aux<br />
relations de correspondant bancaire (à savoir qu’une banque ne peut connaître tous les clients<br />
individuels de son correspondant bancaire), Citibank devrait être contrainte, depuis juillet<br />
2002, à mettre en place les nouvelles normes réglementaires applicables aux activités de<br />
correspondant bancaire, dont l’objectif est de veiller à ce que le correspondant bancaire<br />
étranger souhaitant entrer en relations avec une banque soit doté de suffisamment de systèmes<br />
de diligence raisonnable à l’égard de la clientèle et qu’il soit lui-même suffisamment<br />
réglementé. Ces normes exigent des banques qu’elles comprennent la structure de propriété<br />
de leur correspondant bancaire et qu’elles sachent s’il fournit des services de correspondant<br />
bancaire à d’autres banques étrangères ; il leur incombe également de passer au crible les<br />
comptes en question et de signaler toute transaction suspecte. 255 Ces normes sont similaires à<br />
la Recommandation 7 du GAFI. <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a écrit à Citibank pour lui demander<br />
comment dorénavant elle mettait en œuvre les mesures de diligence raisonnable raisonnable à<br />
l’égard des comptes tenus au titre de services de banque correspondante ; et si elle entretenait<br />
des relations de correspondant bancaire avec des banques libériennes. Citibank a refusé de<br />
répondre. 256<br />
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