Sans vigilance - Global Witness
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especter ses dix principes environnementaux et sociaux en janvier 2009. 292 <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong><br />
s’est renseignée sur la possibilité de déposer une plainte auprès du Pacte mondial, mais celuici<br />
se proposait seulement de faciliter un dialogue avec la banque, avec laquelle nous<br />
entretenions déjà une correspondance peu satisfaisante.<br />
<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> est décontenancée par le fait que la Deutsche Bank affirme soutenir les droits<br />
de l’homme alors qu’elle tenait un compte pour un régime universellement perçu comme<br />
répressif et corrompu. Au moment de son adhésion au Pacte mondial en 2000, la Deutsche<br />
Bank a déclaré : « Nous estimons qu’il est possible d’être à la fois rentable et moral ; aller audelà<br />
ce que la loi exige, pas simplement parce que c’est bien de le faire, mais parce qu’il en va<br />
de notre obligation morale et de nos convictions », et d’ajouter : « Nos partenaires<br />
commerciaux et nos transactions d’affaires respectives doivent se conformer à des normes<br />
morales et éthiques exemplaires ». 293<br />
Pourtant, la Deutsche Bank était présente au Turkménistan depuis au moins 1996, année où<br />
elle aurait signé un accord de coopération avec le gouvernement turkmène, cet accord ayant<br />
été reconduit lors de la visite qu’a rendue à Niazov un membre du conseil d’administration de<br />
la Deutsche Bank, Tessen von Heydebreck, à Achgabat en 2000. Il serait déraisonnable que la<br />
Deutsche Bank proclame ne pas avoir eu connaissance du caractère répressif du régime de<br />
Niazov.<br />
Il convient d’observer que les services que fournissait la Deutsche Bank à Niazov en lui<br />
permettant de conserver les recettes pétrolières à l’étranger et hors budget national revêtaient<br />
une importance non négligeable pour le type de régime qu’il dirigeait.<br />
On considère trop souvent l’argent offshore comme la récompense des dictateurs, un sousproduit<br />
du problème auquel sont confrontés les pays répressifs. Mais ce n’est pas juste une<br />
« prime » que s’accorde celui qui s’est emparé du contrôle de l’État ; c’est également ce qui<br />
permet au dictateur de se maintenir en position de force. Les dictatures et les États fantômes<br />
ne sont pas juste une affaire de coercition, mais également de contrôle de l’argent. Un<br />
dictateur est pour ainsi dire un arbitre qui choisit, parmi toutes les factions concurrentes,<br />
laquelle recevra combien, en veillant à constamment en donner un peu à toutes afin de ne pas<br />
mettre à mal son autorité. Cette démarche est bien plus facile si l’argent qui sert à payer ces<br />
factions concurrentes est détenu à l’étranger, car personne d’autre ne peut y accéder. C’est un<br />
jeu à somme nulle : si le dictateur ne s’assure pas d’être le seul à pouvoir accéder à cet argent,<br />
quelqu’un d’autre risque d’y avoir accès et ainsi de commencer à empiéter sur ses pouvoirs.<br />
En permettant au régime de Niazov de conserver les revenus issus du gaz turkmène hors<br />
budget et à l’extérieur du pays, la Deutsche Bank a aidé Niazov à rester au pouvoir et à<br />
perpétuer son effroyable régime.<br />
Les bénéfices qu’a retirés la Deutsche Bank de ses activités avec le Turkménistan sont-ils<br />
importants ? Vu que des accords de coopération avaient été signés entre la banque et le<br />
Turkménistan, et que la relation était suffisamment importante pour qu’un membre du conseil<br />
d’administration de la Deutsche Bank se rende au Turkménistan en visite officielle, on peut<br />
supposer que d’autres affaires connexes ont dû engranger des bénéfices supplémentaires, en<br />
plus de ceux issus de la détention des comptes à la Banque centrale. Quelles sommes étaient<br />
impliquées pour que la Deutsche Bank soit disposée à bafouer ses propres déclarations<br />
concernant ses valeurs éthiques ?<br />
Parlons deuxièmement du problème de « compliance » ou de conformité. <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a<br />
demandé à la Deutsche Bank quelles mesures de diligence raisonnable elle avait mises en<br />
œuvre avant d’accepter le gouvernement turkmène comme client, et quelles mesures de suivi<br />
elle avait prises par la suite, et de manière continue, pour s’assurer que cet argent ne servait<br />
pas à des fins de corruption. La Deutsche Bank a dit ne pas être en mesure de répondre :<br />
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