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Sans vigilance - Global Witness

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2. Les principales dispositions concernant les mesures de diligence raisonnable relatives<br />

aux clients ne sont pas inscrites dans la loi et les recommandations n’indiquent pas<br />

avec suffisamment de précisions que l’approbation de la direction est nécessaire pour<br />

poursuivre des relations d’affaires avec un client dont on s’aperçoit ultérieurement<br />

qu’il est une PPE. 183<br />

Cela veut dire qu’en 2003, lors de l’ouverture du compte de Long Beach, les banques<br />

hongkongaises n’étaient pas légalement tenues d’accomplir des mesures de <strong>vigilance</strong> à<br />

l’égard de leur clientèle et qu’il s’agissait d’une simple « obligation de supervision » établie<br />

par le régulateur. 184 D’après la dernière évaluation mutuelle du GAFI publiée en juin 2008, tel<br />

est toujours le cas. 185<br />

L’AMHK a affirmé à <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> que « le non-respect des recommandations établies par<br />

l’autorité de régulation constitue des faits graves qui peuvent entraîner d’importantes<br />

conséquences de la supervision. Malgré cela, le gouvernement envisage sérieusement<br />

d’inscrire ces obligations dans la loi afin d’être en conformité avec les recommandations du<br />

Groupe d’action financière ». 186<br />

Quelles sont donc ces « conséquences de la supervision » qui, en l’absence de loi véritable,<br />

frappent les banques qui ne respectent pas leur obligation de diligence raisonnable ?<br />

L’AMHK a précisé qu’elle pouvait, au titre de ces « conséquences de la supervision »,<br />

restreindre le champ d’activité d’une institution, instruire des auditeurs externes de passer en<br />

revue ses procédures, baisser la note administrative d’une institution, retirer le consentement<br />

donné aux dirigeants de la banque, exiger de l’institution qu’elle obtienne les conseils d’un<br />

expert désigné par l’AMHK et, dans des cas extrêmes, révoquer l’agrément d’une institution<br />

financière. <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> a donc demandé combien de fois au cours des cinq dernières<br />

années de telles mesures avaient été prises et, en particulier, si la Bank of East Asia avait fait<br />

l’objet de l’une d’entre elles. L’AMHK a transmis toute une série de chiffres concernant les<br />

342 contrôles effectués depuis 2004 sur les procédures de lutte contre le blanchiment de<br />

capitaux des établissements bancaires, sur les 21 avertissements écrits signifiés à des cadres<br />

supérieurs, sur les 13 cas dans lesquels l’Autorité a imposé un audit interne ou externe, et sur<br />

les 3 cas dans lesquels elle a invoqué ses pouvoirs réglementaires pour contraindre les<br />

banques et leurs dirigeants concernés à respecter ses instructions, sous peine d’amende et de<br />

prison. L’Autorité n’a toutefois pas été en mesure de dire si la Bank of East Asia avait fait<br />

l’objet de telles mesures. 187<br />

Mais si la banque n’était pas, lors de l’ouverture du compte de Long Beach en 2003,<br />

légalement tenue de prendre des mesures de diligence raisonnable à l’égard de la clientèle,<br />

elle était néanmoins légalement tenue de signaler toute opération suspecte. 188 <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong><br />

a demandé à la Bank of East Asia si elle avait transmis des déclarations d’opérations<br />

suspectes concernant le compte de Long Beach. La banque a refusé de répondre. La même<br />

question a été posée à ICS Trust (Asia) et Orient Investments. Elle est restée sans réponse. Il<br />

faut toutefois dire que la loi interdit aux banques de communiquer des informations sur les<br />

déclarations d’opérations suspectes (la fameuse clause de « dénonciation ») et qu’il est donc<br />

impossible pour quiconque d’autre que les autorités de régulation elles-mêmes de savoir si les<br />

banques respectent leurs obligations. Bien entendu, il ne faut pas s’attendre à ce que les<br />

autorités de régulation en disent plus, ce qui n’avance pas beaucoup les populations de pays<br />

victimes de la corruption qui ignorent ce qui est fait pour arrêter les banques et les prestataires<br />

de services aux entreprises de permettre à certains dirigeants de se servir dans les caisses de<br />

l’État. Si le dispositif réglementaire de Hong Kong recevait l’approbation du GAFI au terme<br />

de ses évaluations (ce qui n’est manifestement pas le cas), si le GAFI procédait à un examen<br />

rigoureux de la mise en œuvre par un pays de ses lois plutôt que de leur simple existence (ce<br />

qu’il ne fait pas), et si les normes actuellement préconisées par le GAFI ne comportaient<br />

aucune faille (ce qui n’est pas non plus le cas), alors peut-être les populations concernées<br />

pourraient-elles faire confiance aux régulateurs dans leur mission de veiller à ce que l’argent<br />

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