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Sans vigilance - Global Witness

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La conformité agit comme un filet de protection : si vous pouvez affirmer avoir respecté votre<br />

obligation de diligence raisonnable en vous étant procuré le passeport du client et en ayant<br />

coché les cases indiquant que vous connaissez votre client, vous êtes en conformité avec la<br />

réglementation. Partant, vous êtes couvert. En réalité, cela veut dire qu’une fois les cases<br />

cochées, et votre responsabilité dégagée, la question de savoir si les relations d’affaires que<br />

vous entretenez avec ce client contribuent à la corruption est reléguée au second plan.<br />

Si les cas ici évoqués auraient dû amener les banques à se poser de nombreuses questions au<br />

moment de l’exercice de leur obligation de diligence raisonnable, on peut penser que de fortes<br />

pressions ont été exercées par les chargés de clientèle et les opérateurs pour conclure<br />

l’opération, malgré les préoccupations manifestées par le service de conformité à l’issue de<br />

ses recherches.<br />

Les faits qui ont conduit à l’amende récemment infligée aux États-Unis à la Lloyds TSB<br />

montrent clairement que les banques ne sont pas prêtes à renoncer à de telles activités, malgré<br />

les préoccupations qui peuvent être exprimées au sein de la banque. En janvier 2009, la<br />

Lloyds a été condamnée par les autorités américaines à verser une amende de 350 millions de<br />

dollars pour avoir délibérément maquillé les mentions figurant sur les bordereaux de<br />

virements bancaires internationaux effectués pour le compte de banques iraniennes, libyennes<br />

et soudanaises, à destination des États-Unis. Depuis le milieu des années 1990 jusqu’en 2007,<br />

la banque britannique a systématiquement violé les sanctions imposées par les États-Unis en<br />

retirant certaines mentions, comme le nom du client, celui de sa banque ou son adresse, pour<br />

éviter le blocage des fonds par les autorités américaines. Concernant l’Iran, la Lloyds avait<br />

même créé un service spécial chargé de retirer à la main ces informations.<br />

En 2002, des salariés de la banque se sont inquiétés de cette pratique pouvant violer les lois<br />

américaines. La Lloyds a donné suite en arrêtant de maquiller elle-même les bordereaux. Elle<br />

a toutefois conseillé ses clients iraniens sur la manière de contourner les sanctions<br />

américaines pour leur propre bénéfice. Entre 2002 et 2007, la Lloyds a procédé au transfert de<br />

quelque 350 millions de dollars d’Iran, de Libye et du Soudan, en violation des lois<br />

américaines. 29<br />

En avril 2003, le comité exécutif du groupe Lloyds a décidé de suspendre le service en cause<br />

que la banque proposait aux banques iraniennes. Mais la banque a continué à maquiller les<br />

bordereaux de virements en provenance du Soudan jusqu’au mois de septembre 2007. 30<br />

D’après des informations parues dans la presse, neuf autres banques, parmi lesquelles le<br />

Crédit Suisse et la Barclays, font l’objet d’enquêtes pour violation des sanctions<br />

américaines. 31 Cette affaire témoigne des tensions au sein des banques pour poursuivre une<br />

activité très lucrative, si tant est que ce soit possible. La Lloyds a continué à traiter les ordres<br />

de paiement provenant de pays soumis à sanctions pendant cinq ans après les doutes exprimés<br />

par certains de ses salariés sur la légalité de ces transferts.<br />

Je dirais que l’une des choses que nous devons faire est de nous assurer que les<br />

institutions financières, les institutions financières mondiales, globales,… soient appelées<br />

à agir et tenues responsables de leur rôle dans cette criminalité… Ces gens en costume<br />

rayé et grassement payés [...] sont les complices de criminels… Les institutions<br />

financières qui prennent cet argent sont les complices de tels crimes.<br />

Dana Rohrabacher (membre républicain du Congrès), mai 2007 32<br />

Une banque n’est pas un bloc monolithique. De nombreuses personnes y travaillent et y<br />

assument des fonctions différentes. Combien de ces personnes doivent se taire pour que de<br />

telles activités puissent avoir lieu ? Il suffirait pourtant qu’une seule personne se lève et refuse<br />

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