Sans vigilance - Global Witness
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D’une manière générale, les Recommandations du GAFI couvrent cinq obligations<br />
fondamentales incombant aux États :<br />
• Criminaliser le blanchiment de l’argent qui est le produit de délits graves et promulguer<br />
des lois visant sa saisie et sa confiscation<br />
• Obliger les institutions financières à identifier tous les clients, y compris les bénéficiaires<br />
effectifs du bien financier, et tenir des registres pertinents<br />
• Exiger des institutions financières qu’elles signalent les transactions suspectes aux<br />
autorités nationales<br />
• Mettre en place des systèmes adéquats de contrôle et de supervision des institutions<br />
financières<br />
• Conclure des accords permettant à chaque juridiction de coopérer à l’échelle<br />
internationale en matière d’échange d’informations financières et d’autres éléments de<br />
preuve en cas de dossiers impliquant un délit d’ordre financier.<br />
Les membres du GAFI réalisent entre eux des « évaluations mutuelles » afin d’identifier la<br />
conformité de chaque juridiction aux 40+9 Recommandations. Le GAFI produit également<br />
des « typologies », autrement dit des analyses des différentes techniques de blanchiment de<br />
l’argent, en s’appuyant sur des études de cas concrètes, ce afin d’aider les banques à détecter<br />
l’utilisation de ces techniques.<br />
Le GAFI compte 34 membres, pour la plupart les nations les plus riches du monde. D’autres<br />
pays sont membres d’« organes régionaux de type GAFI » pour l’Europe, l’Eurasie, le<br />
Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’Asie Pacifique, l’Afrique orientale et australe, l’Afrique<br />
de l’Ouest, les Caraïbes et l’Amérique du Sud.<br />
Hors du cercle des ministères des Finances, le GAFI est un organisme méconnu, dont le<br />
minuscule secrétariat est basé à l’OCDE, à Paris. Piloté par ses membres clés, notamment les<br />
riches nations membres de l’OCDE qui abritent certaines des places financières les plus<br />
importantes au monde, il est en grande partie à l’origine de l’existence de lois antiblanchiment,<br />
sous quelque forme que ce soit, dans la majorité des pays du monde, même si,<br />
comme nous le verrons dans ce rapport, la question de leur exécution effective reste en<br />
suspens.<br />
Le GAFI constitue pour la communauté internationale le meilleur moyen de s’assurer que les<br />
lois anti-blanchiment de chaque juridiction ont une portée suffisante – et, surtout, qu’elles<br />
sont mises en œuvre et appliquées à un degré suffisant – afin d’empêcher un afflux de fonds<br />
de la corruption en provenance de pays en développement.<br />
Mais le GAFI a quatre défauts graves qu’il lui faut corriger pour pouvoir mener sa mission à<br />
bien. Aucun de ces défauts n’est toutefois inhérent à la structure du GAFI, et ils pourraient<br />
tous être rectifiés avec la volonté politique de ses États membres.<br />
1. Le GAFI ne dispose pas de pouvoirs d’exécution juridiques propres, du fait de son statut<br />
d’organe intergouvernemental composé de ses États membres. Mais même sans pouvoirs<br />
de sanction officiels, le GAFI ne recourt pas suffisamment aux pouvoirs non juridiques<br />
dont il dispose : « naming and shaming » et pression du public.<br />
2. Le GAFI semble opérer à l’écart de nombre des autres acteurs qui travaillent sur les<br />
stratégies de lutte contre la corruption.<br />
3. Le GAFI a déployé moins d’efforts à l’égard de la lutte contre les fonds de la corruption<br />
que du financement du terrorisme, et l’on pourrait même dire qu’en mettant l’accent sur<br />
ce dernier, le GAFI s’est mis à négliger quelque peu la lutte contre les fonds de la<br />
corruption.<br />
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