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Sans vigilance - Global Witness

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« Comme nous l’avons déclaré précédemment, nous ne sommes pas autorisés, en tant que<br />

banque, à émettre de commentaires sur les relations de compte. De même, les informations<br />

concernant les activités et les mesures prises en relation avec les exigences statutaires de suivi<br />

des comptes et du mouvement des comptes ne sont strictement divulguées qu’aux organes<br />

compétents tels que stipulés par la loi, notamment les autorités chargées de l’application des<br />

lois pénales ». 294<br />

<strong>Global</strong> <strong>Witness</strong> note que la Deutsche Bank est membre du groupe de Wolfsberg, qui réunit de<br />

grandes banques qui ont élaboré des normes volontaristes en matière de diligence raisonnable<br />

devant compléter les recommandations du GAFI afin de contribuer à lutter contre l’argent de<br />

la corruption. Le document que consacre le groupe de Wolfsberg aux PPE soulève la question<br />

de savoir si les entreprises publiques, dont les banques centrales, devraient être traitées<br />

comme des PPE (question à laquelle le groupe répond par la négative, même si les dirigeants<br />

de ces banques centrales pourraient l’être). Cependant, il ne traite pas du cas de figure précis<br />

des comptes publics placés sous le contrôle exclusif d’un dictateur. 295<br />

Certes, il pourrait s’agir officiellement de comptes « publics », mais qu’en est-il si un<br />

seul homme exerce un contrôle total sur l’État ?<br />

Abordons troisièmement la question de la régulation : la BaFin a confirmé que la Deutsche<br />

Bank n’avait enfreint aucune de ses obligations réglementaires. Mais pour <strong>Global</strong> <strong>Witness</strong>, la<br />

question suivante reste en suspens : les obligations réglementaires actuellement en vigueur<br />

suffisent-elles à empêcher une banque de conclure des affaires avec un régime corrompu et<br />

brutal comme celui de Niazov ? Ces fonds manquaient suffisamment de transparence pour<br />

qu’une banque multilatérale comme la BERD ne veuille surtout pas s’y associer, or aucune<br />

sirène d’alarme n’a été tirée en matière réglementaire et, rappelons-le, cette histoire troublante<br />

n’a pas été mise en lumière par un régulateur, mais à l’issue des travaux d’une ONG.<br />

Certes, il pourrait s’agir officiellement de comptes « publics », mais qu’en est-il si un seul<br />

homme exerce un contrôle total sur l’Éta t ? Niazov aurait tout à fait pu reprendre à son<br />

compte la fameuse déclaration de Louis XIV, « L’État, c’est moi ». Niazov détenait le<br />

contrôle de facto de la Banque centrale du Turkménistan, dont il pouvait congédier le<br />

président à son gré – cinq personnes ont occupé ce poste de 2002 à 2006, dont trois ont<br />

ensuite été emprisonnées, et des ministres ont été incarcérés pour détournement de fonds au<br />

bout d’une série de procès dont Niazov se serait servi pour se débarrasser de ses opposants<br />

potentiels. 296<br />

Dans un pays où les revenus issus des ressources naturelles n’apparaissent nulle part dans le<br />

budget mais restent sous le contrôle discrétionnaire du Président, et où celui-ci contrôle la<br />

Banque centrale, comment distinguer l’État du chef de l’État, et comment cela affecte-t-il le<br />

traitement que réservent les banques aux comptes publics de ce pays ?<br />

Les comptes publics des pays très corrompus et peu transparents, ou sous la mainmise d’un<br />

seul individu ou groupe, devraient être soumis aux mêmes signaux d’alerte en vigueur dans<br />

les réglementations anti-blanchiment que les relations avec les banques privées ou des<br />

correspondants bancaires. Les banques ne devraient pas pouvoir se retrancher derrière le<br />

bouclier que leur confère la détention de « comptes de la banque centrale » pour pouvoir<br />

conclure des affaires avec un régime corrompu ou brutal.<br />

S’adressant à The Economist Intelligence Unit en 2006, le directeur mondial de la conformité<br />

à la Deutsche Bank, Henry Klehm, a affirmé que le conseil d’administration et la direction<br />

devaient insister sur l’importance d’un comportement éthique et responsable : « Le service<br />

conformité peut contribuer à développer ce genre de messages et à les diffuser, mais tout le<br />

monde s’attend à ce que l’employé du service conformité démontre au public qu’il est un<br />

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