Catálogo - FCAT

violently beaten by her former students, now members of the
FIS, for refusing to plant a bomb at the school. Filmmaker,
Yamina Bachir Chouikh shows, with utmost honesty and no
beating around the bush, and without judging, the trauma of
a society in which a man kills a woman instead of kissing her,
the motionlessness of a youth hungry for life, the fear of Algerians
under this reign of terror, but also the life that beats
fast in each of the characters.
Nowadays, Algerian cinema is still virtually inexistent as it
lacks any production structures and distribution networks.
However, there is a new generation of filmmakers, oftentimes
self-taught and passionate about films, ready to blow new
breath into it. Their daring films are a reflection on youth’s
reality during the post-war years, they have no references
but they are pressed with a sense of urgency to let us know
that they are there, in a hurry to speak for themselves and of
Algeria nowadays. Malek Bensamail is one of the pioneers of
this new wave. With the documentary China Is Still a Long
Way Away (2010), he questions Algerian history with indifference,
far from any ideology. Lakhdar Tati, also working in the
documentary genre, takes a look at History from the distance
in In Silence I Hear the Earth Turn Around (2010), it is not
about redrawing official history as it is set forth in books, it is
about going out in search of a lost story, that of its inhabitants,
of those that were close to it, with an easy tone, like a casual
absent-minded stroll, in a country that has preferred to forget
rather than to remember.
Many are the young people who dare make short features and
documentaries, striving to look as sincerely and honestly as
possible at what surrounds them, a necessary step for the
future. The initiative “Bledi in Progress”, a video platform born
from the discontent of the Beaux Arts students in Algiers because
of the images of their country broadcast abroad, made
it possible to produce and shoot five short features in 2005.
The experimental film, Windows to Algiers, by Hassen Ferhani,
is a slightly voyeur depiction of the Algerian capital: seen
through the windows, and edited with voice-off, it shows us
scenes of daily life.
In Algeria, as refers to history, each generation represents
a new break. The greatest obstacle Algerian cinema faces is
being able to transcend all the violence that Algerian society
has suffered, and the consequences of that violence that have
affected the cultural and artistic representation of national
identity itself, even while it remains complex and changing
throughout the different generations. These films summarize
better than anything else the last 60 years of Algerian History.
Marion Berger
Film Programmer FCAT-Córdoba
169 | Retrospectivas / Retrospectives / Rétrospectives
de l’intolérance portée par l’islamisme radical à Alger. Rachida
(2002) raconte l’histoire d’une jeune enseignante algéroise
frappée par certains de ses anciens élèves devenus de jeunes
intégristes pour avoir refusé de poser une bombe dans son école.
La cinéaste Yamina Bachir Chouikh montre avec une extrême
sincérité, sans concession mais sans jugement non plus, le
traumatisme d’une société où un homme en arrive à tuer une
femme au lieu de l’embrasser, l’inaction forcée d’une jeunesse
éperdue de vie, la peur de tout algérien dans la terreur ambiante
mais aussi la vie qui est là, dans chaque personnage.
Aujourd’hui, le cinéma algérien continue à être virtuellement
inexistant, sans structures effectives de production ni de
réseaux de distribution. Pourtant, une nouvelle génération
de cinéastes souvent autodidactes et toujours cinéphiles, lui
redonne un nouveau souffle. Leurs films audacieux témoignent
des réalités d’une jeunesse d’après-guerre sans repères
poussée par l’urgence de crier son existence, la hâte de parler
d’eux-mêmes et de l’Algérie d’aujourd’hui. Malek Bensmaïl
est l’un des premiers auteurs de cette nouvelle vague. Dans
son documentaire La Chine est encore loin (2010), il interroge
l’histoire algérienne d’une façon détachée et loin de tout
carcan idéologique. Lakhdar Tati, documentariste également,
aborde l’histoire avec cette même distance dans Dans le silence
je sens rouler la terre (2010): il ne s’agit pas de retracer
l’Histoire officielle des manuels, mais de partir à la recherche,
avec une grande liberté de ton, tel un flâneur distrait, d’une
histoire perdue, celle de ses habitants, de ceux qui l’ont vécue
de près, dans un pays qui a préféré l’oubli à la mémoire.
De nombreux jeunes se lancent dans la réalisation de courtsmétrages
et documentaires, avec ce même regard sur leurs
réalités qu’ils veulent le plus sincère et le plus honnête
possible, passage obligé pour l’avenir. L’initiative « Bledi in
progress », plateforme vidéo née du mécontentement des
étudiants des Beaux-Arts d’Alger quant aux images de leur
pays diffusées à l’étranger, a permis en 2005 la production et
la réalisation de cinq courts-métrages ; le film expérimental
Les Baies d’Alger d’Hassen Ferhani, dresse le portrait un peu
voyeur de la capitale algérienne en montant des images de ses
balcons avec des voix off de scènes de vie quotidienne.
En Algérie, eu égard aux aléas de l’histoire, chaque génération
est une cassure et la difficulté du cinéma algérien est de
transcender les chocs qui ont frappé de plein fouet la société,
dont les contrecoups ont profondément atteint leur mode de
représentation culturelle et artistique. Le point commun de
leurs films, c’est leur quête d’indépendance et d’identité nationale,
bien que de nature complexe et changeante selon les
générations. Cette sélection résume peut-être mieux que tout
les soixante dernières années de l’Histoire de l’Algérie.
Marion Berger
Programmatrice FCAT-Córdoba